Que sont devenus nos vieux compagnons ?

Ils ont été nos premiers compagnons de pêche, ils nous ont donné des heures de joies, plaisir, et une passion pour toute la vie. Mais que sont devenus goujons, calicots-bass, vairons, épinoches, etc…

Des goujons ? A part un timide retour, il y a des années, il y a bien longtemps que je n’en ai pas vu, des épinoches sur la Touvre ? Non plus.
Quand aux vairons, et calicots, idem.
Des cyprinidés, je ne pêche plus que des ablettes, quelques rotengles, gardons (de plus en plus rares),
Et des chevesnes en quantité. Mais les autres…?

Ce que tu appel “calico” sont en fait des perches soleils, ou crapet (nord américain) nuisible au possible. Moins y en a mieu c’est.

Oui, c’est le seul poisson classé nuisible en France. Charles, notre specialiste des chevesnes, des ragondins et des calico bass… :sunglasses:

Avec l’impact du changement climatique, ça sera sans doute un métier plus prisé que spécialiste des salmonidés. :wink:

Fred

en parallele de la palm ,je peche au coup a 500m de chez moi dans un canal plutot petit ,une 15 m de large, j’y pratique façon competition, grande canne ,anglaise etc apres avoir appris en 4 ans de club .
je n’ai jamais pris autant de gardons que maintenant , le soir 3, 4 kilos voir plus de tres beaux gardons retourne chez eux.
la raréfaction du sandre dans ce canal doit y etre pour beaucoup.
les temps changent.

Ce qui est sûr c’ est qu’il y à moins de matière organique rejetée dans l’eau, maintenant est-ce que cela a influencé la biomasse peut-être

Si, dans certains secteurs, la présence de gardons s’amplifie, tant mieux, mais ce n’est pas le cas partout, hélas.
Que la calicot-bass, ne progresse pas, est très bien, car néfaste pour les alevins des autres poissons.
Importée en fin du 19ème siècle (1886) car au Canada, cette perche soleil avait une taille plus importante. En France, elle est atteinte plus ou moins de nanisme, et perd de son importance, et de part sa gloutonnerie devient nuisible.
Son seul avantage reste sa facilité de pêche ce qui en fait un poisson idéal pour les enfants qui font souvent leurs premières armes avec ce joli poisson plus à sa place dans un aquarium.
Une grande partie du pays n’étant pas riches en salmonidés, force est de constater, que des cyprinidés, les chevesnes restent une des prises les plus communes, et souvent valorisante par sa taille. Tout le monde n’a pas la chance d’habiter une région où évoluent les truites, ombres, ou saumon dans les cours d’eau environnants.
Ayant eu la possibilité de circuler dans toutes les régions de France, j’ai pu voir la diversité, et la richesse piscicole de nos rivières. Mais depuis quelques années, je ne retrouve plus cette richesse. La disparition des goujons qui venaient jusque dans nos pieds, sur les gravières, me peine. La rareté des vairons, avec lesquels mes enfants ont appris à pêcher sur l’Armançon, aussi.
Qu’en est il donc maintenant ?

Sur la Dordogne suffit de gratter le fond pour voir arriver vairons goujons et autre menu fretin .(no kill de floirac par exemple)

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Ça me réjouit, mais je ne retrouve pas les fonds de rivières d’il n’y a même pas un demi siècle/ 50 ans, c’est peu, très peu, dans l’histoire de l’humanité. Si la génération actuelle se contente de ce qu’elle a connue, faute de comparaison, tant mieux, mais ce n’est pas très ambitieux… Nier ce que l’on a pas connu, n’est pas positif, mais irréaliste. Pas facile à expliquer, et je finis par être fatigué de vouloir expliquer la réalité des choses.

Bonsoir,
Charles, je suis tout à fait d’accord avec toi mais est-ce que le peuplement d’il y a un demi-siècle n’était pas déjà fortement tronqué par l’activité humaine. A l’époque, il y avait peu de station d’épuration et celles qui était en place ne retiraient que très peu (maintenant les modernes retirent tous les nitrates et phosphates), les abatoires, les laiteries rejetaient tout à la rivière, il y avait des tonnes de poissons à la sortie. Maintenant l’eau est claire et semble propre (les pesticides et autres hormones ne se voient pas!) mais il y a moins de poisson c’est sûr mais n’est-ce pas retourner à la vraie réalité?

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C’est en partie vrai… et en tout cas c’est pas sympa de rejeter la chose sur les nouvelles générations qui manqueraient d’ambition, alors qu’on a tout défoncé et qu’ils héritent de notre société !

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En vous lisant, je m’aperçoie que vous n’avez aucune notion de ce qu’était la nature, et la vie il y a moins d’un siècle. disons 70 ans. C’est pourtant peu. Ce n’est pas un reproche, nombreux n’étaient pas nés. Et la vie dans les campagnes difficile à imaginer. Quand j’allais en vacances chez des grands oncle et tante, à Champagne Mouton, dans les années 40 et 50, Nous mangions, des légumes du jardin cultivés par mon oncle, ma tante élevait des lapins et volailles qu’elle nourissait avec une boullie d’orties et de son mélangés. Le matin, elle commandait des fromages de chèvres à une vieille femme qui chaque jour amenait paitre ses chèvres dans des petits coins non cultivés en bord de route. Le lendemain, elle ramenait le fromage enveloppé de feuilles de châtaignier, et dans un linge blanc. J’ai accompagné mon oncle à la chasse au lièvre. Assisté aux battages. la batteuse attelée à un tracteur par une courroie. Les hommes montaient les bottes extraites de la grande meule. les femmes préparaient le repas, des poulets, des canards rotis, des tartes aux prunes. Tout était de saison, naturel et local. Beaucoup en autarcie. La pêche ? Quand j’y allais avec mon père, l’eau était très claire, on voyait les poissons, il y en avait partout. Beaucoup de gardons, et des carpes, des tanches, des brèmes, solitaires ou en groupe, un brochet qui passe… On jaugeait les poissons, celui ci est peureux, celui la plus hardi, l’autre méfiant mais gourmand… Mon père placait les prises dans une bourriche. Et le soir, si il y en avait assez pour une friture, on les ramenait à la maison, sinon, retour à leur élément. Il ne fallait pas gâcher, on prélevait juste ce qu’il fallait pour le repas Je l’ai déjà plusieurs fois expliqué. Plusieurs fois par mois, une bonne friture, c’était une économie substantielle. Des repas gratuits, car en fin de mois, les menus se simplifiaient. Mais rien n’était aussi pollué qu’actuellement, Et il y avait une abondance que vous n’imaginez pas. Ni la façon de vivre. La vaisselle se faisait à l’eau bouillante, sans savon, et l’eau grasse était donnée au cochon familial. La pollution ? elle a vraiment commencé dans les années 70, je travaillais à la SNCF, et on livrait régulièrement des wagons citernes d’engrais chimiques de 20 tonnes, à des exploitations de maïs, dans les Landes. La multitude de petites fermes ,exploitations agricole familiales, a disparue au profit des grandes exploitations. Les porcs élevés individuellement avant, se sont retrouvés groupés par une dizaine, puis par vingt, et cent, et plus. Fini la traditionnelle journée d’abattage du cochon, où tous les hommes de la famille, tuaient le cochon, le découpaient avant que les femmes le préparent en différentes recettes. Le soir, (la télé n’existait pas), les gens sortaient les chaises devant les maisons, sur le bord de la route, et discutaient. Ils comptaient les voitures très rares. Ils s’amusaient à deviner quelle voiture approchait, au bruit, Renault ou Panhard au son typique, Peugeot qu’on reconnaisait de loin aux deux phares juxtaposés derrière la calandre. Et je ne parle pas des rares motos, une par jour de chance.
Difficile à imaginer tout ça, maintenant à l’ère des smatphones, hypermarchés, ordinateurs, autoroutes, TGV, avions, fusées, l’homme sur la Lune, la pénicilline, et médias en tous genres. Et pourtant …70 ans… ce n’est même pas une vie !
En 50 ans, l’homme a pollué la planète 100.000 fois plus que l’humanité en plusieurs centaines de milliers d’années. Le hasard a fait que j’ai vécu toute cette transition. Qu’en penser ? Je trouve que j’ai eu de la chance. Mais je ne suis pas optimiste pour mes petits enfants… J’ai bien peur qu’ils ne connaissent jamais les rivières de mon enfance. Enfin, espérons…

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Ici dans les rivières il y a 70 ans c’était pollué par l’industrie métallurgiques. Les mineurs ne vivaient pas longtemps…

Chez moi, il y a 70 ans, le mal était déjà fait. Les barrages du Bergeracois étaient construits et les saumons qui autrefois remontaient la rivière par centaines de milliers avaient disparu.

Il y a 70 ans l’homme avait déjà profondément modifié les milieux naturels.

Depuis, on a réintroduit les saumons.

Fred

Ton récit m’a ému et a ravivé mes souvenirs, j’ai connu la même enfance que toi . Mais putain, tu m’as foutu le blues!!!

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D’accord avec tout cela mais, de toute façon, même sans l’intervention de l’homme, les équilibres de la nature évolueraient, différemment certes, mais tout bouge constamment.
Le mouvement n’est-il pas le propre de la vie? Maintenant, effectivement, sans notre intervention, on ne sait pas dans quel sens cela aurait évolué. Les dinosaures ont été éradiqués il y a environ 65 millions d’années en arrière alors que l’homme n’était pas présent…Non?

Oui enfin on nique tout à vitesse exponentielle quand même !

Le problème de ces discutions c’est qu’on a substitué des pollutions industrielles et domestiques concentrées surtout dans des zones urbaines par des pollutions agricoles diffuses mais réparties partout. Au final il ne fait aucun doute que la qualité des grandes rivières, fleuves s’est améliorée. J’ai grandis au bord de la Seine, la différence est SPECTACULAIRE entre l’égout de mon enfance (année 80 et 90) et aujourd’hui. Sauf qu’entre temps, on a niqué un nombre considérable de rivière de dimension plus modeste a coup d’agriculture intensive. Les villes deviennent ainsi des refuges écologiques, paradoxe étonnant mais réel…

A+
J

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Il est vrai que quand je suis arrivé en Ile de France, à St Maur des Fossés, sur les bords de la Marne en 73, j’étais effaré de voir les pauvres épinoches aux nageoires rongées par la pollution. Il ne restait que l’arête principale de la nageoire. Des années plus tard, au même emplacement, on pouvait assister de nouveau à la remontée des truites qui franchissaient les petits obstacles. Mais à l’inverse c’étaient les petites rivières provinciales qui subissaient les agressions des engrais chimiques, et des pesticides répandus à outrance. Et comme les petites rivières se jettent dans les grandes… À Saint Michel en Grève, j’ai assisté à l’arrivée des premières algues vertes !
Concernant mon enfance dans les Charentes, de La Rochelle, au Marais Poitevin, et aux patelins de haute Charente, il est vrai qu’il s’agissait d’une région qui vivait en autarcie. D’où des vies plus sédentaires, et plus ancestrales.
Pour connaitre, et avoir vu, tout ça, il faut être né dans la première moitié du XXème siècle. ( Quoique aujourdh’hui, j’aimerai mieux, parfois, être né comme la majorité d’entre vous. Je pourrai encore courrir sur les rochers, faire de la plongée, des sports à outrance…)
Pour résumer, c’était merveilleux, mais, comme dirait “REFENDU94” : “Putain, ça fout le blues !!!”

Chez moi, ce ne sont pas les pesticides qui ont tué les ruisseaux mais les remembrements et les recalibrages qui vont avec.

Fred

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Même chose : c’est le découpage et la canalisation (plus ou moins dure) qui ont eu raison du souffle naturel de la plupart des rivières que je pêche, et qui ont été le facteur véritablement déclencheur du passage à la rivière “moderne”. Mais on ne peut pas nier que les pesticides et autres micropolluants sont en train d’achever insidieusement et sérieusement le travail sur un grand nombre d’entre elles. Sur d’autres, au contraire, ça s’améliore (ou se stabilise) doucement, grâce à des mesures concrètes (modernisation des STEP, par exemple). Mais tant que le cours restera tronçonné, on ne pourra guère espérer vraiment mieux. Quelques travaux de renaturation sont en cours çà et là, mais ça ne fait pas franchement le poids face aux éclusées monstrueuses (ou aux débits réservés ridicules) que continuent de subir certains secteurs, et aux obstacles infranchissables que constituent la grande majorité des ouvrages. Si on ajoute à cela le réchauffement dramatique de certains cours d’eau ces dernières années, allié à une pluviométrie désastreuse, ça devient en effet de plus en plus compliqué pour “nos vieux compagnons”.

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