En vous lisant, je m’aperçoie que vous n’avez aucune notion de ce qu’était la nature, et la vie il y a moins d’un siècle. disons 70 ans. C’est pourtant peu. Ce n’est pas un reproche, nombreux n’étaient pas nés. Et la vie dans les campagnes difficile à imaginer. Quand j’allais en vacances chez des grands oncle et tante, à Champagne Mouton, dans les années 40 et 50, Nous mangions, des légumes du jardin cultivés par mon oncle, ma tante élevait des lapins et volailles qu’elle nourissait avec une boullie d’orties et de son mélangés. Le matin, elle commandait des fromages de chèvres à une vieille femme qui chaque jour amenait paitre ses chèvres dans des petits coins non cultivés en bord de route. Le lendemain, elle ramenait le fromage enveloppé de feuilles de châtaignier, et dans un linge blanc. J’ai accompagné mon oncle à la chasse au lièvre. Assisté aux battages. la batteuse attelée à un tracteur par une courroie. Les hommes montaient les bottes extraites de la grande meule. les femmes préparaient le repas, des poulets, des canards rotis, des tartes aux prunes. Tout était de saison, naturel et local. Beaucoup en autarcie. La pêche ? Quand j’y allais avec mon père, l’eau était très claire, on voyait les poissons, il y en avait partout. Beaucoup de gardons, et des carpes, des tanches, des brèmes, solitaires ou en groupe, un brochet qui passe… On jaugeait les poissons, celui ci est peureux, celui la plus hardi, l’autre méfiant mais gourmand… Mon père placait les prises dans une bourriche. Et le soir, si il y en avait assez pour une friture, on les ramenait à la maison, sinon, retour à leur élément. Il ne fallait pas gâcher, on prélevait juste ce qu’il fallait pour le repas Je l’ai déjà plusieurs fois expliqué. Plusieurs fois par mois, une bonne friture, c’était une économie substantielle. Des repas gratuits, car en fin de mois, les menus se simplifiaient. Mais rien n’était aussi pollué qu’actuellement, Et il y avait une abondance que vous n’imaginez pas. Ni la façon de vivre. La vaisselle se faisait à l’eau bouillante, sans savon, et l’eau grasse était donnée au cochon familial. La pollution ? elle a vraiment commencé dans les années 70, je travaillais à la SNCF, et on livrait régulièrement des wagons citernes d’engrais chimiques de 20 tonnes, à des exploitations de maïs, dans les Landes. La multitude de petites fermes ,exploitations agricole familiales, a disparue au profit des grandes exploitations. Les porcs élevés individuellement avant, se sont retrouvés groupés par une dizaine, puis par vingt, et cent, et plus. Fini la traditionnelle journée d’abattage du cochon, où tous les hommes de la famille, tuaient le cochon, le découpaient avant que les femmes le préparent en différentes recettes. Le soir, (la télé n’existait pas), les gens sortaient les chaises devant les maisons, sur le bord de la route, et discutaient. Ils comptaient les voitures très rares. Ils s’amusaient à deviner quelle voiture approchait, au bruit, Renault ou Panhard au son typique, Peugeot qu’on reconnaisait de loin aux deux phares juxtaposés derrière la calandre. Et je ne parle pas des rares motos, une par jour de chance.
Difficile à imaginer tout ça, maintenant à l’ère des smatphones, hypermarchés, ordinateurs, autoroutes, TGV, avions, fusées, l’homme sur la Lune, la pénicilline, et médias en tous genres. Et pourtant …70 ans… ce n’est même pas une vie !
En 50 ans, l’homme a pollué la planète 100.000 fois plus que l’humanité en plusieurs centaines de milliers d’années. Le hasard a fait que j’ai vécu toute cette transition. Qu’en penser ? Je trouve que j’ai eu de la chance. Mais je ne suis pas optimiste pour mes petits enfants… J’ai bien peur qu’ils ne connaissent jamais les rivières de mon enfance. Enfin, espérons…