Mettre au point une mouche

La plupart des mouches de ce post ont aussi beaucoup de composants, sont aussi très fournies, ressemblent beaucoup aux insectes…

Pour moi, faire une mouche de pêche, c’est suggérer la vie aux poissons. Pas représenter fidèlement un insecte.

Un poisson, ça a un cerveau pas gros comme un petit pois. Les ombres en ce moment, ils mangent plusieurs centaines d’éphémères par jour. Ils réagissent à des stimuli basiques : forme, tonalité, volume, brillance, niveau de flotaison…

Les composants de la mouche doivent être au service de la représentation de ces stimuli basiques, pas de la représentation de l’insecte.

Exemple si je mets des cerques sur une mouche, c’est uniquement pour rectifier sa flotaison. Rien d’autre. Les cerques c’est pas bien ou mal, ça a une fonction. Pareil pour le thorax, si j’en mets un, ce n’est pas pour faire joli ou imiter celui des insectes mais juste pour régler l’inclinaison de mon aile. S’il n’y en a pas besoin, pourquoi en mettre un ? Vous croyez réellement que le poisson le voit ?

Autre règle, plus une mouche est compliquée à faire, moins elle est facile à reproduire à l’identique. Or, quand un modèle marche, il faut qu’il soit reproduit facilement à l’infini.

Mes mouches sont des mouches de pêche, rien d’autres. Il ne reste que l’essentiel : les signaux qui déclenchent les poissons à la prendre. Il m’a fallu 30 ans de pêche intensive et de mise au point de mouche en parallèle pour comprendre le rôle de chaque composant, les propriétés de chaque matériau. Cela donne une collection de mouches uniques, personnelles, dépouillées mais très très très (trop ?) efficaces.

La maxime qui dit qu’on y est arrivé lorsqu’il n’y a plus rien à enlever se vérifie aussi dans le domaine du montage mouche.

Une bonne mouche c’est souvent un hameçon, du fil et maximum un ou deux autres composants. Si tu en as besoin de plus pour figurer tes signaux basiques, c’est que tu n’as pas employé les bons matériaux.

Fred

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