Bonjour Marius, tu veux que je t’envoie une photo de la page concernée ?
Salut, je veux bien, merci!
A la page 15 de cet excellentissime livre se trouve le chapitre " les déclencheurs " qui est effectivement plein d’enseignements.
Par contre, ce chapitre faisant 6 pages, je me demande si je peux les publier ici.
Un modo peut me répondre ?
Dans le cas contraire, je te les enverrai en mp ( Marius ).
Bonsoir,
et bien dites moi, ça phosphore ici. C’est super. Les brainstorming, ça fait souvent avancer les choses.
Je vais essayer de répondre à certaines remarques/interrogations de quelques un avec ma façon de voir les choses. Mes propos vont encore être mal interprétés par certains qui vont encore me taxer d’avoir un égo surdimensionné, ou de manquer d’humilité, mais j’en ai rien à foutre. D’ailleurs je vais mettre les choses au point d’entrée de jeux.
Aussi bizarre que ça puisse paraître, la sèche j’en ai fait le tour, quand je vais au bord de l’eau et que ça gobe, je prends des poissons avec efficacité. Le facteur limitant, ce n’est plus moi, c’est la présence ou non de gobages. J’y peux rien, c’est comme ça. J’ai bossé 30 ans pour y arriver. J’y suis, je n’ai pas à m’excuser pour ça. J’ai dans ma boite les mouches pour faire face à à peu près toutes les situations et maintenant, je suis passé à autre chose (pêche et mise au point de streamers plus mon autre passion). Vu le temps, la passion et l’énergie que j’y ai consacré, cela n’a rien d’extraordinaire. Beaucoup d’entre vous auraient eu le même résultat que moi voire y seraient arrivés en moins de temps. Si ce que je vais raconter peut servir à l’un d’entre vous… alors je serai content. Les remarques désobligeantes de ceux qui ne m’aiment pas, ça sera pas les premières ni les dernières. Je sais que je vous tends un énorme bâton pour me faire battre, faites vous plaisir, c’est cadeau.
Oui, à moment donné, c’est clairement le facteur limitant pour réussir ses parties de pêche. Quand tu dois changer de mouches toutes les 5 minutes ou après chaque poisson, c’est un vrai combat. En ce moment, il y a peu de mouches et les ombres sont très mobiles sous l’eau (c’est assez rare ce comportement chez les ombres mais l’eau est si basse qu’ils n’ont pas un fort courant dans le nez pour les scotcher sur un poste précis). Si tu n’es pas très réactif pour lancer ta mouche au devant du poisson, tu vas passer ton temps à pêcher à un endroit où le poisson n’est plus. Car en plus d’être mobiles, ils sont chiants niveau précision. Il faut quand même leur passer dessus pour qu’ils montent.
Il faudrait que tu te trouves un élevage qui fait du colvert ou à défaut des hybrides. Tu pourrais trouver des plumes qui sont imbibées de graisse à vie. Je sais que tu montes dans les tours dès que je parle de mes prises mais je peux t’assurer que celle qui a pris 17 poissons d’affilé sur deux jours n’a pas vu un milligramme de graisse, pas l’ombre d’un sopalin et je n’y ai pas soufflé une seule fois dessus. Au bout de tout ce temps, elle était comme neuve. Un faux lancer et hop, en 10 secondes après avoir relâché un poisson, tu pêches le suivant.
Donne moi le nom de ce monteur de mouches pour que je ne lui en achète jamais.
S’il fait des mouches que les poissons refusent lors de ses tests sans comprendre pourquoi et qu’il continue de les vendre, c’est pas très professionnel.
Si on exclut les refus de présentation (cas classique avec l’ombre : tu fais un premier passage sur un ombre en draguant, il prend ta mouche en photo même si c’est la meilleure du monde et il va te la refuser tout l’après midi), un refus sur mouche peut avoir plusieurs causes :
- la taille mais on est vite fixé en changeant de numéro d’hameçon
- la quantité de matériaux utilisé lors du montage (mouche trop fournie)
- des signaux contradictoires et irréalistes sur le modèle (un signal plait au poisson et déclenche sa montée mais arrivé en haut, la mariée était trop belle et il détecte sa moustache ou une paire de baloches au fond de son pantalon).
Mais tout ça, ça se bosse. Et on arrive assez vite en général à trouver ce qui cloche. C’est le boulot des designers de mouches (fly designer en anglais).
@Marius, ta question est maladroite. Quand tu bricoles, tu utilises des outils : des tournevis, un marteau, une scie, des clés… tu connais la fonction de chacun d’entre eux. Ben quand tu montes une mouche, tes outils, ce sont les matériaux. Ils ont tous une fonction, un rôle dans les signaux que tu veux envoyer au poisson. Il faut donc avant d’en utiliser un connaitre ses propriétés vis à vis de l’eau, de la lumière, sa résistance, ses propriétés vis à vis de la tension superficielle, sa mobilité/raideur etc. Ca passe par des tests dans un verre ou au bord de l’eau.
Mais ce ne sont que des outils à ton service en fonction de ce que tu veux faire. La question fondamentale, c’est qu’est ce que tu veux faire? Quels sont les signaux que tu veux envoyer au poisson? Tu veux que le poisson voit juste l’impact de l’insecte sur l’eau ou son corps? Tu veux une forme précise ou floue? Est-ce que la couleur est importante pour ce stade de l’insecte?
Et pour bien cerner les besoins, on en arrive au diagnostic du bord de l’eau c’est à dire à l’identification de l’insecte consommé et de son stade. Déjà, le premier truc à faire est d’observer. Je dirai que 5 fois sur 10 on voit ce que prend le poisson. Le plus facile, ce sont les subimagos d’éphémères. On voit les ailes arriver et hop, elles disparaissent dans le rond. On arrive parfois à voire les sedges se faire manger ou les plécos quand ils draguent en surface. Les ecdyos aussi se voient bien.
Et quand on ne voit rien, c’est l’expérience des situations vécues au bord de l’eau qui parle. Mais c’est toujours avec les yeux qu’on détermine ce qu’ils prennent. C’est la forme des gobages qui parle le plus souvent. Avec un peu d’expérience, on arrive à savoir s’ils prennent des spents, des fourmis, des émergentes d’éphémères ou de sedge voire de pléco. Il faut aussi regarder la dérive pour savoir ce qu’il y a sur l’eau.
Ensuite, il faut bien avoir la hiérarchie des préférences des insectes en tête. En cas d’éclosion multiple, c’est très utile de connaitre le top 5 des proies préférées des poissons dans le bon ordre. Quand 2 insectes sont présents, il n’est pas rare qu’ils préfèrent un des deux. Pareil quand il y en a 3/4 ou 5 ou 10…
Et puis, lorsque les poissons changent sans arrêt de bouffe au cours de la journée ou qu’ils ne mangent pas tous la même chose dans le même banc (entre le début d’un poste et sa fin, les insectes ne sont plus au même stade car ils dérivent tout en évoluant), il faut ce 5ème sens qui va faire attraper la bonne mouche au bon moment dans la boite. Certains appellent ça le sens de l’eau, d’autre la chance. C’est peut-être les deux. Mais les centaines d’heures passées au bord de l’eau, ça aide.
Un fois qu’on a identifié la proie, on a fait 10% du boulot quand on veut se faire une mouche. On part ensuite à l’étau, on fait des séries de protos en s’inspirant plus ou moins de ce qui existe ou de ce qu’on imagine et on va au bord de l’eau les tester. On pratique par essai / erreur. Parfois on tombe dans le mille en très peu de temps. Parfois ça prend un temps fou si on part mal. Si on est seul c’est encore plus long. C’est beaucoup plus rapide si on est deux et qu’on a du temps à y consacrer.
Et on arrive à ton problème @loomis24. On a tous le même je te rassure. La mise au point de mes sedges émergents, c’est plus de 5 ans à chercher la solution. J’allais au bord de l’eau tester mes mouches au coup du soir et 9 fois sur 10 je rentrais en pleurant de pas avoir fait monter ne serait-ce qu’un poisson. Et puis un jour un qui monte, on modifie ses protos, puis il y en a un qui prend un poisson. On affine et un jour, on fait monter quasiment tous les poissons qu’on attaque mais on a un gros déchet au ferrage.
Puis on affine encore et on fini par faire manger la mouche à tous les poissons qu’on attaque dans cette situation et c’est gagné, on a un modèle qui est validé. Il faut attaquer à le doubler voire le tripler car avec les ombres, si on le rate une fois, il faut souvent changer de mouche. Ces dernières étapes vont en général très vite en jouant sur les matériaux et des détails du montage.
Et on peut passer à l’insecte suivant. Pour les sulphures, c’est plus de 10 ans de boulot pour faire le premier modèle. Des journées à chialer devant du champagne sans faire monter un poisson. des boites entières de protos à jeter suite à des tests peu concluants. Puis le miracle, un poisson qui monte un jour plusieurs fois de suite sur la mouche. Je m’en rappelle encore comme si c’était hier. C’était au pont de Monceaux. J’avais un pote sur le pont qui me décrivait les réactions des poissons. Et à moment donné, il a hurlé qu’un poisson décollait du fond pour prendre mon émergente. Ferrage manqué mais c’était une victoire. Il est remonté deux fois sans plus de succès au ferrage. Je suis immédiatement sorti de l’eau pour sanctuariser cette mouche qui nous a servi de base pour la suite.
Puis derrière on a pris deux ans sans pouvoir bosser le sujet en raison d’eaux trop hautes en mai et juin. Deux ans de perdus. Mais c’est comme ça. La fabrication d’une collection est quelque chose de très long. Mais il y a une phase exponentielle dans la vitesse d’apprentissage. Les notions acquises servent à aller plus vite au fur et à mesure des tests. Le cerveau humain est ainsi fait.
Il ne faut donc pas se décourager. Il faut toujours ouvrir des chantiers et les tester à la moindre occasion. C’est long, très long, mais on n’a pas le choix.
Puis un jour, ça y est. On voit l’insecte sur l’eau, on met la mouche, le poisson monte, on ferre, il est au bout. Et ça se répète encore et encore à chaque fois, mécaniquement. Et puis ça devient comme ça tous les jours dans toutes les situations (ou presque n’exagérons rien). Tant qu’on n’y est pas, on en rêve et quand on y est on savoure un temps puis on passe à autre chose parce que ça parait normal et dans l’ordre des choses. La magie est partie. Mais il me reste mes mouches, mes bébés qui même s’ils n’ont rien d’extraordinaire aux yeux de la plupart d’entre vous font partie de mon histoire. Et c’est pour cela que j’en parle avec tant de passion.
Voilà où j’en suis. J’espère que ce que j’ai écris vous sera utile. Tapez pas trop fort, j’ai mis 30 ans de ma vie pour en arriver là et plus de deux heures à faire ce message.
Demain débute la saison de la truffe. A part quelques sorties avec les potes, je repenserai à la pêche à l’ouverture maintenant.
Merci de m’avoir lu jusqu’au bout. Et au plaisir de vous croiser au bord de l’eau.
Sincèrement.
Fred
Bon et bien il y a du boulot devant moi.
Mais aussi il y a maintenant pas mal de pistes.
Il faut aussi avoir la volonté de s’interroger et de se faire “un retour d’expérience” après chacune de ses sorties.
En tous cas merci pour toutes ces informations.
A chacun d’y prendre ce qu’il veut en fonction de ses désirs et de ses contraintes.
Hé bin respects, merci pour ce texte Fred.
Avec son humour pince-sans-rire, dans Truites & Cie, John Gierach nous livre aussi, implicitement, une considération intéressante lorsqu’il met en scène ses discussions avec son ami et célèbre monteur de mouches A.K. Best (les livres de montage de ce dernier, p. ex. A.K.'s fly box sont peu connus en Europe et pourtant du plus grand intérêt) :
La réponse à cette “question profonde” étant bien entendu - en partie du moins - que le niveau de flottaison (ou plutôt la façon de se présenter sur ou dans la pellicule d’eau) prime sur le prétendu “réalisme” (ou, disons plutôt : sur l’illusion référentielle, qui n’est référentielle que pour nous). Et cela d’autant plus que les conditions se compliquent.
A cela, il faut bien entendu ajouter des considérations d’ordre éco-biologique comme le fait que, dans la plupart de nos cours d’eau, la pollution croissante a comme conséquence corollaire que les émergences ont de plus en plus tendance, plus longtemps que par le passé, à rester coincées dans (et pas sur) la pellicule d’eau, faisant de ce stade un stade encore plus fragile qu’avant, et donc une cible toujours plus privilegiée par les poissons. Dont acte, quant aux “pattes” du moins, qui garantissent surtout - on le sait - une flottaison haute.
A vouloir toujours être en position dominante, il t’arrive de chercher à blesser sans peut-être même t’en rendre compte. Tu devrais être d’avantage à l’écoute de tes interlocuteurs, ce qui te permettrait de pouvoir développer plus rapidement telle ou telle mouche.
Je suis navré de te dire que tu n’as pas du tout compris ce qui cachait derrière mes propos. D’abord, si je ne le nomme pas, ça vient du fait que sa grande modestie pourrait en souffrir si, par le plus grand des hasards, il tombait sur ce post.
D’autre part, il serait peiné de lire que quelqu’un pourrait avoir fait le tour de la pêche en sèche.
Ce que je voulais dire, c’est que ce grand Monsieur a compris que les savoirs de la pêche à la mouche sont immenses, voire infinis et qu’il convient surtout de les aborder avec humilité pour tenter de percer ce qu’une trop grande assurance leur empêcherait de voir.
D’ailleurs, cette façon de penser est un point commun chez la plupart des noms illustres de la pêche à la mouche. Et c’est sans doute pour cette raison qu’ils sont entrés, et resteront dans la légende de la pêche à la mouche.
C’est là où on n’est pas d’accord. Les savoirs sur la pêche à la mouche en sèche n’ont rien d’infini. Certains ont surtout intérêt à le laisser croire pour asseoir leur notoriété.
La pêche c’est très simple. Un poisson ne peut pas lutter contre la puissance de l’intelligence et de la technologie humaine. Quand il mange, il est vulnérable et il peut être pris à la mouche. C’est mécanique. Toi même tu as dû connaître des journées fastes où tu prends tous les poissons que tu attaques? Pourquoi ne pourrait-il pas en être ainsi à chaque fois qu’un poisson gobe ?
Si tu n’y arrives pas, il est très simple de dire que pour appréhender la complexité de la nature, il faut demeurer humble. Perso, je réfléchi autrement et je me mets au travail pour trouver des solutions. Et même si ça doit me prendre 10 ans, je trouverai une solution.
Quand je regarde les collections de certains monteurs je vois de suite que le mec pêche. Et qu’il fait des mouches de pêche. Pour d’autres, il est clair qu’ils vont surtout à la pêche au pêcheur profitant avant tout de leur naïveté/crédulité (je ne trouve pas le mot exact pour décrire ce qui anime des pêcheurs qui veulent posséder à tout pris un modèle de mouche miracle).
Après il faut bien que tout le monde vive. Perso je n’ai rien à vendre. Je pêche pour mon plaisir, pour assouvir une passion dévorante. Et entrer dans la légende est le dernier de mes soucis.
Fred
Du coup, tu n’as pas répondu à ma question
MP on a ne peut pas publier de longs extraits d’un livre sans l’autorisation de l’auteur.
Fred
tu vois Marius ce livre que tu qualifiait d’improbable es tjuste excellentissime, c 'est le terme employé a juste titre par lunefish.lit bien l’extrait qu’il doit t’envoyer tu verras c’est passionnant.
Je pense plutôt qu’il disait “improbable” car ce livre est depuis longtemps introuvable. Donc y référer sans expliquer ce qui y est dit revient à faire référence à un objet fantôme qui ne dit malheureusement rien à la plupart d’entre nous.
C’est exactement ça. Ce livre est quasi introuvable.
Et connaissant Marius, je sais qu’il ne jugerait pas un livre qu’il n’a pas lu …
‘’ Je considère qu’une mouche est trop efficace non pas parce qu’elle prend beaucoup de poissons mais quand il faut un dégorgeoir une fois sur deux pour la sortir de la gueule du poisson. Le but, c’est pas de tuer des poissons.’’ nous dit fred
Moi je considère que lorsqu’il il faut un dégorgeoir pour sortir la mouche de la gueule du poisson ça na rien a voir avec une mouche efficace , c’est simplement que ton ferrage est mal adapté . mais ça aussi ça se travaille, et ça commence par la avant de vouloir monter des mouches parfaites
Tu peux développer s’il te plaît ? Parce que là, honnêtement, je ne vois pas en quoi le ferrage interviendrait sur la position de la mouche dans la bouche des poissons.
On n’est pas avec des appâts naturels. Les mouches n’ont ni goût ni odeur. Les poissons les recrâchent dès qu’ils sentent la supercherie.
Fred
Considérer que le temps de réaction du pêcheur est suffisant pour empêcher un poisson de se mettre une mouche dans l’estomac s’il ne nourrit pas le moindre début de doute, c’est peut-être présumer de ses forces. Un trajet qui va de la bouche jusqu’à un endroit où des pinces sont nécessaires, ça se parcourt plus que facilement pendant la seconde et demi qu’il faut pour réagir.
Je me pose vraiment beaucoup de questions sur vos connaissances et observations au bord de l’eau . Il est évident que le temps de réaction au ferrage va engendrer une mouche au fond de la gorge ou pas. Les gars c’est la base. Mais si vous n’êtes pas trop vieux vous avez encore des années pour vous améliorer
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Les savoirs sur la pêche à la mouche en sèche n’ont rien d’infini.
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Si c’est vrai, c’est bien dommage car je trouvais l’impression de ne jamais pouvoir épuiser ces savoirs, extrêmement stimulante et passionnante…