Plus de questions : soie naturelle

J’utilise également la graisse à traire avec efficacité. Livrée en grosse quantité (j’ai un pot de 3 kgs…depuis des années), elle revient très peu cher et fait très bien le job.

Idem pour moi un pot de 3 kg et ça dure des années :wink:

Par rapport au mucilin je dirais que la graisse à traire est un peu plus fluide et elle s’étale mieux au doigt .

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renseignement pris auprès de mon voisin éleveur, la graisse à traire contient des dérivés de pétrole, parafine (Paraffinum liquidum, petrolatum), il se fait lui même sa graisse à traire; cire d’abeille/huile d’olive. Il m’en a passé pour que je puisse testé sur mes soies. Ca se tente non?

Je fais huile de lin cire d’abeille ça fonctionne pas trop mal :yum:

Un article paru dans « Pêche Mouche N° 33 - Novembre/décembre 2002 » (si le modérateur n’y voit pas d’inconvénients) et dont je m’inspire…

Monter et entretenir ses soies
Pêche Mouche N° 33 - Novembre/décembre 2002

Flottabilité, glisse, résistance … font souvent l’objet de plainte de la part des moucheurs. Pourtant, en quelques années, la qualité des soies a fait de réels progrès. Mais, celles-ci, naturelles ou synthétiques, aussi bonnes soient-elles, ne sauraient se passer d’une préparation et un entretien adaptés.

Monter et entretenir ses soies J’entends souvent des moucheurs se plaindre de la qualité de leur soie. Flottabilité, glisse, mémoire, résistance, etc., les problèmes ne manquent pas. Or j’ai pu constater que nombre de critiques faites aux soies ne leur étaient pas directement imputables, mais venaient en fait d’une préparation défectueuse, d’une absence d’entretien (ou tout au moins d’un entretien inapproprié) ou simplement d’une qualité d’eau médiocre annihilant leurs qualités. Ceci est valable aussi bien pour les soies naturelles que les synthétiques, présentées fréquemment comme antagonistes mais en réalité complémentaires. Pour vous fournir le meilleur d’entre-elles, les soies demandent une préparation et un entretien adaptés.

Pour commencer, et même si c’est une évidence, pour être utilisée la soie doit être enroulée sur un moulinet. cette première étape qui ne semble pas poser de problème en général, s’avère plus que délicate pour les débutants. En premier lieu, il est bon de rappeler qu’une fois le moulinet rempli, la soie doit arriver à environ 5 mm du bord supérieur de la bobine. Le meilleur moyen d’arriver à coup sûr à ce résultat est d’enrouler le backing sur la soie jusqu’à atteindre la limite désirée. Le backing et la soie sont ensuite déroulés puis enroulés dans le bon sens.

Cette façon de faire assure un parfait remplissage de la bobine. L’usage d’un enrouleur type Line Winder ou Reel E Good Winder vous facilitera grandement l’enroulement et le déroulement des soies. Par la suite, il vous rendra d’autres services, par exemple lors du séchage, du stockage et du graissage.

Pour l’enroulement de la soie sur le moulinet, un point est primordial : elle ne doit surtout pas être dévidée par terre avant d’être enroulée sur le moulinet car ceci aurait pour effet de la faire vriller de façon irrémédiable.

Il est également impératif, toujours pour éviter qu’elle ne vrille, de bobiner la soie sur le moulinet en respectant son axe d’enroulement originel. Pour ce faire, si vous ne disposez pas d’un enrouleur, faites vous aider par une tierce personne. Les soies synthétiques étant le plus souvent livrées dans une coque en matière plastique, introduisez un axe (un crayon à papier par exemple) dans le trou central de celle-ci. Faites tenir par votre aide les deux côtés de l’axe, coque verticale. Quant à vous, moulinez en conservant le moulinet face à la coque.

En cas d’absence de coque de protection, faites glisser la soie sur une bouteille. Cela évitera qu’elle ne se déroule de manière incontrôlée, et vous épargnera une séance de démêlage.

Les soies naturelles

Avant sa première utilisation, et malgré tous les soins apportés à sa fabrication, la soie naturelle demande un prérodage et un rodage. Le prérodage a pour but d’assouplir l’apprêt de la soie , qui présente à sa sortie d’usine des petites aspérités, causées par des résidus d’apprêt qui restent collés à la soie lors de sa fabrication. Ces opérations permettent aussi, par l’adjonction de graisse, d’assurer à la soie une imperméabilisation et une flottabilité optimales. Le prérodage et le rodage sont à la portée de tous. L’essentiel est de ne pas faire preuve d’impatience. Avoir une soie naturelle au top demande de sacrifier un peu de son temps. Le matériel est simple puisqu’il se résume à vos mains, votre canne, votre moulinet (ou un enrouleur) et une boîte de graisse adaptée à la soie.

Monter et entretenir ses soies Commençons par le prérodage. Sortez du moulinet environ un mètre de soie. Mettez de la graisse dans votre paume, puis, après avoir pris la soie à pleine main, effectuez des va-et-vient sur celle-ci. Dès que vous éprouvez une impression de chaleur due au frottement, arrêtez-vous. Passez au mètre suivant, auquel vous appliquez le même traitement, et ainsi de suite sur toute la longueur de la soie. Enroulez ensuite celle-ci sur le moulinet ou sur l’enrouleur, puis laissez-la reposer ainsi graissée pendant trois à quatre jours. Au terme de ce délai, renouvelez le traitement qui sera appliqué sur une période d’environ un mois (soit sept à dix fois sur le mois). A l’issue de ce traitement, votre soie aura acquis de la souplesse, ainsi qu’une jolie couleur d’ambre, et sera prête pour le rodage.

Le rodage de la soie est élémentaire puisqu’il se résume à l’utilisation de votre soie en pêche. Toutefois, il sera nécessaire d’observer une certaine réserve. Au début la soie ne sera utilisée que pendant deux à trois heures par jour seulement et à différentes distances de pêche. Elle sera ensuite mise à sécher soigneusement, avant d’être à nouveau graissée. Ce rodage durera environ une semaine, mais pourra être prolongé si les aspérités sur la soie sont nombreuses.

Vous avez à présent une soie naturelle prête à vous suivre pour de nombreuses heures de pêche sans soucis. Si vous avez le bonheur de posséder deux soies (une naturelle et une synthétique, par exemple), vous pourrez, en les alternant, offrir à votre soie naturelle des périodes de séchage accrues, à son grand bénéfice.

Bien préparer une soie ne suffit pas pour lui assurer une bonne longévité. Après chaque partie de pêche, sortez-la intégralement du moulinet et mettez-la à sécher avant de lui appliquer une nouvelle couche de graisse. En ce qui me concerne, pour assurer le séchage de ma soie, dès mon retour de la pêche je la dévide en larges spires sur une grande feuille de papier journal, et je la laisse sécher toute la nuit. Au matin, je la graisse à nouveau.

En fin de saison, sortez la soie du moulinet, puis roulez-la en larges spires d’environ une vingtaine de centimètres de diamètre., de façon à former un écheveau. Liez celui-ci à l’aide de deux ou trois cure-pipes. Enduisez-le de graisse pour soie ou de graisse à traire, avant de le déposer sur une feuille d’aluminium d’une soixantaine de centimètres de longueur dans laquelle vous l’enveloppez. La soie sera ainsi tenue à l’abri de la lumière et de la poussière. Enfermez-la dans une boîte de style Tupperware ; percée de trous, le couvercle la laissera respirer.

Malgré toutes des précautions, il peut arriver qu’une soie poisse légèrement en raison du vieillissement de la graisse. Mettez-la à tremper dans un bain d’eau additionnée de vinaigre d’alcool, puis essuyez-la avec un chiffon non plucheux - un vieux torchon, par exemple - pour faire disparaître les traces de vieille graisse. Ensuite, faites-la sécher. Après séchage complet, enduisez-la de graisse neuve. La voici de nouveau apte à être utilisée.

Les soies synthétiques

Si l’utilisation de la soie synthétique ne demande pas de préparation, il est cependant utile de prendre certaines précautions. Depuis quelques années, les apprêts des soies synthétiques sont de plus en plus durs. Cela leur apporte indéniablement une surcroît de résistance et de rigidité, favorisant leur passage dans les anneaux par réduction des effets de vague, mais présente aussi quelques inconvénients, notamment un « tirebouchonnage » de la soie à la sortie du moulinet. Pour lutter contre ce phénomène, sortez celle-ci du moulinet et étirez-la bien avant toute partie de pêche.

Monter et entretenir ses soies Les soies subissent de nombreuses agressions extérieures, d’ordre mécanique - chocs sur les pierres, contacts avec la végétation rivulaire … - et chimique. Malheureusement les eaux sur lesquelles nous pratiquons subissent fréquemment des pollutions organiques et contiennent de plus en plus souvent des agents agressifs pour nos soies : nitrates, hydrocarbures et autres « joyeusetés » du même ordre. Ces substances, même si elles sont, la plupart du temps, contenues dans les eaux en quantités infinitésimales, peuvent causer à terme des dommages aux apprêts des soies ou tout au moins nuire à leur flottabilité et compromettre leur glisse.

Pour rendre à notre soie sa glisse et sa flottabilité, la première solution qui vient à l’esprit est l’emploi de graisse, solution qui a le mérite de permettre un dépannage rapide au bord de l’eau. Toutefois il faut prendre garde de ne jamais utiliser de graisse à base de silicone sure les soies synthétiques. Si le silicone produit une amélioration passagère des qualités de la soie, il nuit gravement à sa longévité en s’attaquant à l’apprêt, rendant ainsi le remède pire que la mal. Le Mucilin rouge distribué par la maison Ragot, remplit très bien cet office sans aucun risque pour la soie. La société De Charrette, quant à elle, commercialise depuis peu le Glis-Line, une chiffonnette imprégnée qui permet un entretien rapide de la soie et lui rend flottabilité et glisse.

La graisse ne permet qu’un dépannage temporaire. Comme je l’ai mentionné plus haut, la qualité de l’eau peut être responsable du manque de flottabilité et d’une glisse médiocre de la soie. En effet, les apprêts des soies s’imprègnent des produits chimiques ou du limon en suspension dans certaines eaux. Dans ce cas, il s’avère nécessaire de procéder à un nettoyage poussé de la soie. Dans ce but, je fais dissoudre quelques copeaux de savon de Marseille dans une bassine d’eau tiède. Je mets la soie sortie du moulinet à tremper pour désincruster les saletés imprégnées dans l’apprêt. Je l’essuie ensuite avec un chiffon et termine le traitement par un rinçage abondant.

Monter et entretenir ses soiesCette méthode permet également de nettoyer et de dégraisser efficacement les soies intermédiaires et plongeantes. Je pratique ainsi depuis plusieurs années, et certaines de mes soies attaquent .leur quatrième année de pêche. Vous pouvez atteindre le même résultat avec le Fly Line Cleanning Pad. Ce produit présente une couche légèrement abrasive qui, passée sur la soie, décolle les saletés incrustées. En raison de son côté abrasif, il est recommandé de l’utiliser avec parcimonie.

Une autre cause de la mauvaise flottaison des soies tient à leur ancienneté. Avec le temps, leur apprêt se craquèle , laissant l’eau pénétrer dans l’âme de la soie et l’alourdir considérablement, gênant sa flottabilité. Ce problème ne peut être résolu que par un traitement de la couche de surface. Certains fabricants ont apporté une réponse. C’est le cas de Scientific Anglers avec le Fly Line Dressing qui agit sur l’apprêt en bouchant les microcraquelures. D’application simple, et utilisé en complément du Fly Line Cleanning Pad, il assure à la soie un surcroît de longévité, et lui redonne glisse et flottabilité. Ce produit, aussi bon soit-il, est un traitement et je vous déconseille de l’utiliser sur des soies récentes.

En fin de saison, démontez les soies synthétiques des moulinets. Après les avoir nettoyées, enroulez-les sur des bobines à gros moyeu, leur évitant ainsi de garder trop de mémoire. Stockez-les dans un endroit frais à l’abri de la lumière et de la poussière. Des soies bien entretenues vous faciliteront la pêche pendant longtemps et vous feront réaliser de substantielles économies. Une dernière astuce si, comme moi, vous possédez des soies de type et de couleur identiques : utilisez des backings de teintes différentes pour les repérer.

Texte Jean-Claude Lapeyre

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