Bonjour à tous,
Je me permets d’ouvrir ce sujet pour poser une question à l’ensemble de la communauté des moucheurs.
Depuis le début de saison en Auvergne Rhone-Alpes, que ce soit en nymphe ou en sèche, je constate très très peu de touches et encore moins de prise de poisson.
Les pêcheurs que je croise attrapent eux aussi plus de branches et d’algues qu’autre chose…
Depuis hier je pêche le Guiers avec mon oncle, lui aussi moucheur. De pont de beauvoisin à st Laurent du pont, en deux jours nous n’avons eu aucune touche, absolument rien.
En me baladant et en observant je n’ai vu aucun poisson ni aucune activité.
Je suis pas le meilleur pêcheur soit, mais j’ai pour habitude de faire mes 4-5 ombres/truites par jour les autres années.
Quelqu’un a t’il fait un constat similaire sur cette riviere ? Y’a il eu des événements que j’ignore ? Est-ce une année sans ?
Les truites fraient en décembre, à une époque où l’eau est très froide et le métabolisme des vairons au minimum. Du coup à cette époque leur activité alimentaire est quasi nulle. Il y a donc très peu de chances qu’ils mangent les oeufs.
De plus, immediatement après la ponte, les truites enterrent leurs oeufs ce qui les place hors de portée des autres poissons (hormis une petite proportion qui échappe à l’enfouissement ou qui est victime de surcreusement).
Ouf, nous voilà rassurés, ce sont les truites qui mangent les vairons et pas l’inverse.
Ensuite, la canne à pêche est un très très très mauvais indicateur des populations de poissons d’une rivière. La truite est un prédateur et comme tous les prédateurs, elles peut rester de longs moments sans manger puis rentrer en chasse durant quelques dizaines de minutes avant de se terrer à nouveau. Tu n’es pas là au bon moment, tu ne vois ni ne prends rien. Passe au moment d’une retombée de fourmis par exemple et la surface des coins que tu croyais déserts devient du champagne avec des poissons partout.
Nos truites françaises sur nos rivières surpêchées à faible densité ont basé leur système de défense sur cette stratégie. Des orgies alimentaires très brèves entre de longues périodes d’inactivité. Lorsque c’est la fête, le premier couillon qui sait lancer une cuillère à 3m peut faire un carton et lorsque rien n’est dehors même le meilleur des pêcheurs ne prend rien.
Une superbe réponse et des explications très bien fournies. J’y vois bien plus clair maintenant.
Il y’a donc, en plus du pêcheur, un gros facteur chance quand même et un sens du timing qu’il va falloir aiguiser … ça va être chaud patate tout ça
On peut appeler ça de la chance, mais si tu fais bien attention, ce sont toujours les mêmes pêcheurs qui font du poisson et surtout des gros poissons. Et cela n’a rien du hasard.
La connaissance du milieu, une pratique régulière et intense tout comme passer le premier sur des poissons frais leur permet de cartonner là où le pêcheur de passage n’attrapera rien sur ces mêmes parcours.
On rencontre ce cas de figure sur la Dordogne : tu arrives sur un poste blindé de poissons, tu pêches comme un dieu et tu n’attrapes rien. Puis en discutant avec d’autres pêcheurs tu apprends que sur le même poste, avec la même technique, un bon pêcheur a fait un carton quelques temps avant ton passage.
Tu passes juste après lui, les poissons sont éduqués, et ton niveau n’est pas assez élevé pour les leurrer. À chaque prise et relâché la barre du niveau technique pour les attraper monte d’un cran.
Le premier qui passe cartonne en pêchant même grossièrement, le deuxième prend quelques poissons du banc et ensuite il faut affiner de plus en plus pour avoir des touches.
Ce facteur peut aussi donner l’impression aux personnes qui commencent que la rivière est vide alors que les poissons sont là mais ils sont de plus en plus éduqués. Pour s’en convaincre, il suffit de refaire le poste avec du fil très fin et des mouches plus petites pour toucher du poisson au deuxième passage.
La pêche sur les parcours publics est une lutte sans merci entre des experts qui affinent leur montage repoussant toujours plus loin les limites de la technique et les stratégies des poissons pour les éviter. Ces pêcheurs chevronnés s’en sortent encore mais les perdants sont ceux qui vont à la pêche une fois de temps en temps ou ceux qui débutent.
Indépendamment de la pression de pêche c’est très variable d’une rivière à une autre et c’est surtout très dépendant de la nourriture à disposition.
Pour ne pas le citer, je pêche régulièrement un nokill extrêmement fréquenté sur lequel ça gobe toute la journée. L’intensité est variable en fonction des éclosions, mais globalement ça gobe presque tout le temps.
Chaque rivière a son rythme et il faut le découvrir, ce qui prend beaucoup de temps et d’observation. Il ne faut pas se laisser influencer par les a priori comme : Le coup du matin et le coup du soir, après un orage, avant de pisser, avant ça, le vent du nord,…
Parfois les conditions idéales sont totalement surprenantes. Pour bien faire il faut passer régulièrement des journées entières au bord de l’eau.
Et c’est vrai que lorsque l’on n’a pas beaucoup de temps il faut de la chance. La chance d’être là au bon moment et au bon endroit. Lorsque l’on sait que les éclosions peuvent être très irrégulières en terme de localité sur une même rivière. Tous les courants ne se valent pas pour abriter des mannes blanche, toutes les zones ne sont pas adaptées pour abriter des mouches de mai,…
Cela dit je suis totalement ignorant des conditions exactes qui provoquent des éclosions. J’imagine que la pression atmosphérique joue sur la quantité d’oxygène dissous, que la température et l’intensité de la luminosité ont leur rôle. Mais au final ça semble beaucoup plus complexe, car à condition semblable sur les paramètres pré-cité l’événement tant attendu n’arrive pas toujours.
Einstein faisait allusion à des processus physiques non encore connu qui pourraient donner certaines facultés aux animaux comme celle de l’orientation. C’est peut-être le cas pour nos insectes aquatiques.
Le Guiers est une rivière compliquée, de par la clarté de ses eaux et d’une pression de pêche assez importante. Certains parcours, comme celui cité par Stan le sont encore plus, du fait de leur configuration. Des zones de courants peu profondes couplées à des eaux cristallines et des poissons éduqués, la pêche devient extrêmement difficile. Il faut affiner ses dérives et soigner son approche au maximum. Sur ce genre de parcours, quand on a l’impression de très bien pêcher, on est juste pas trop mauvais. Je met volontairement l’accent sur l’application car je pense que c’est la clef de la réussite contrairement au diamètre du nylon.
Il est évident qu’on ne pêche pas par eau basse avec une pointe en 16 centièmes mais aller pêcher en 8 ou en 10 sur des parcours ou il y a de beaux poissons, c’est prendre le risque de casser régulièrement, donc de laisser des mouches dans la gueule de superbes poissons et également de leur imposer des combats interminables. Personnellement, je ne descends jamais en dessous du 12 sur ce genre de spots et en s’appliquant, on fait des poissons. Après chacun sa façon de faire. Pour ma part, je ne crois pas bp à la chance mais il est évident que lorsque l’on passe derrière un ou plusieurs autres pêcheurs, on réduit nos chances de réussite.
Et puis, pour parler des secteurs No-kill en gestion patrimoniale, il ne faut pas oublier que nous avons à faire à des animaux sauvages et comme un tas d’autres, la truite a du probablement s’adapter et mettre en place de nouvelles stratégies pour survivre. Lesquelles, je ne suis pas assez caler sur le sujet pour le dire mais effectivement, on peut imaginer qu’elle se nourrit sur des laps de temps plus courts, peut-être à des moments ou la luminosité est plus faible pour être moins vulnérable. Sur les secteurs ou leurs prédateurs sont nombreux ou avec une forte pression de pêche, elles sont peut-être pourvues d’une hypersensibilité aux vibrations, aux mouvements, au bruit …
En bref, je pense que si on veut continuer à toucher des poissons, il faut essayer, à chaque sortie, de s’améliorer et d’acquérir de nouvelles connaissances sur l’écosystème dans lequel nos partenaires de jeu évoluent.
Oui enfin ya plus dur que le guiers niveau exigence technique vis à vis du pêcheur.
Par contre le secteur entre Pont de B. et l’aval proche des gorges de chailles n’est plus vraiment une zone à salmo (thermie) et les densités sur l’amont des gorges ont bcp baissé ces 15 dernières années (on doit pvr trouver des résultats de pêches électriques qui le confirment).
Bref ce secteur est pas hyper favorable même s’il reste de beaux poissons à faire.
Si tu le dis, je veux bien des exemples d’autres rivières plus complexes ainsi que les raisons de cela, ça m’intéresse bp. Je nuis pas sûr que tu fréquentes bp les secteurs dont tu parles pour tenir ces propos. La saison passé sur le secteur aval des gorges de chailles, j’ai fait une session de 7-8h de pêche pour 14 salmonidés. La semaine d’après sur le même secteur, un seul poisson. Comme l’a dit Flyonly, la pratique de la pêche telle qu’on l’exerce n’est pas un moyen efficace de se faire une idée des populations. Certes sur les secteurs dont tu parles, on touche un barbeau de temps à autre mais ça reste des zones ou la truite et l’ombre sont majoritaires.
Bah détrompe toi, j’ai appris à y pêcher il y a maintenant 20 ans, la pression était quasi tout aussi forte et ça pêchait bien en sèche…
et j’y suis retourné une fois l’an dernier, j’ai fait plus de poissons en nav qu’en sèche (mais oui ils sont bien tordus, mais très visibles, même comportement que les ombres).
ah pardon j’avais pas saisi le ton de ton message, en fait on dit la même chose ^^ (@jdd, ya eu des bugs dans mes messages)
Rivières d’exceptions, la Gère c’est l’exemple même qui contredit beaucoup d’a priori sur les nokill sur fréquentés : Les poissons ne gobent plus, impossible de prendre un gros poisson autrement qu’en nav, les poissons sont tellement terrifiés qu’ils ne sortent qu’au clair de lune,…
Et pareil pour les « on peut pêcher toute l’année avec une A4 et un palmer, il n’y a que la présentation qui compte ». Lol sur la Gère ils peuvent tenter leur chance…
Les rivières que tu as cité ne sont pas plus compliquées, je les pêche aussi régulièrement. Quand à ta soit disant zone à Barbeau, c’est exactement là que j’ai fait les pêches dont je parle la saison passée. Même sur le secteur de Pont de beauvoisin, il y a encore pas mal de truites et d’ombres. Par contre effectivement, y a des moments ou les poissons ne sont pas dehors et c’est aussi le cas sur la Bra, l’Albarine ou la Gère, il faut l’accepter ou trouver une autre passion.
Donc on en est là, tu colles une mauvaise réputation à un secteur pour le privatiser et éliminer la concurrence. Je comprends mieux le contenu de tes messages …
Je n’encourage personne à faire quoi que ce soit mais je n’ai aucun problème à croiser des pêcheurs sur les secteurs ou je pêche régulièrement. J’ai même tendance à me dire que ce sont des sentinelles qui avertiront l’Aappma en cas de pollution, braconnage ou autre.
Je vais pas épiloguer là dessus avec toi car on s’éloigne du sujet initial mais je ne trouve pas ça très malin.