Merci Fred, il faudra que j’analyse et comprenne mieux les documents sur les pyrénées (ton doc sur la Corse est quasiment le même celui dont j’avais donné le lien, amusant !).
Parmi les questions que je me pose, c’est la place en France de ce que les articles récents sur la génétique des populations appellent l’espèce Adriatique, dont on ne parle jamais il me semble.
Encore une fois je suis novice, mais j’ai l’impression que l’approche classique est de parler d’une espèce de truite avec des souches, des lignées etc, alors que la tendance récente est de distinguer 5 espèces de truites (qui peuvent s’hybrider bien sûr, d’où le bazar). J’ai trouvé un site qui résume bien cette tendance et propose une photo plus ou moins « typique » des Truites européennes :
https://sfv-fsp.ch/fr/poisson-de-lannee/2020-la-truite/dossier-truite/les-cinq-especes-de-truites/
extrait :
Ces dernières années, les progrès rapides de la technologie de laboratoire et de la puissance de calcul ont permis d’étudier de plus près la génétique complexe de la truite. Les résultats ont conduit à une nouvelle perspective. Les grands instituts de recherche suisses et l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) distinguent désormais cinq espèces de truites différentes qui ont migré vers les quatre grands bassins versants et s’y sont développées. Il convient toutefois de considérer cette taxonomie comme provisoire.
Du coup ça devient de plus en plus « clair » pour moi, avec quelques hypothèses.
Le type atlantique (salmo trutta) et si j’ai bien compris le type méditerranéen (salmo rhodanensis ?) sont clairement représentés sur ces photos. Je comprends mieux ce dont parlait Stan et la belle truite de tib. OK pour ces deux types qui semblent considérés comme des espèces différentes (qui peuvent s’hybrider bien sûr).
La marmo et la danubienne, n’en parlons pas, leurs gènes ne devraient pas être représentés en France (avec mon fils on est allé chercher la marmo dans le Piemont cet été, on en a pris deux assez représentatives mais surtout des hybrides).
Mais l’espèce qui m’intéresse le plus est l’adriatique. Mon hypothèse est que ce type (souche, espèce) est représentée en France dans le bassin méditerrannéen, et il faut le considérer comme une souche sauvage et autochtone (plus de 10.000 ans d’installation quand même, pas de quoi la critiquer ). Dans l’article suivant (2011) :
https://peche-hautes-alpes.com/wp-content/uploads/2019/03/Etude-Ge%CC%81ne%CC%81tique-TRF-Durance-2010.pdf
il est dit cela :
En complément de la principale dichotomie AT/ME en France [continentale], apparaît ici une nouvelle subdivision, au sein du bassin méditerranéen.
La présence, dans les populations de la haute Durance, de la lignée AD […] est une information nouvelle et originale. Aucune étude portant sur l’analyse de données mitochondriales n’avait intégré ce fleuve jusqu’à présent, et c’est la première fois que des haplotypes AD sont retrouvés dans le bassin méditerranéen français.
La lignée AD peut donc être considérée comme une seconde lignée méditerranéenne plutôt qu’une lignée strictement adriatique.
Donc je crois qu’il faut considérer qu’il y a deux espèces de truites méditerranéennes en France.
(j’avais aussi lu que la truite « corse » (dite macrostigma) est en fait pour beaucoup une truite adriatique, mais c’est à préciser.)
Pour ma part, cette truite forme adriatique (qui a donc en fait colonisé le bassin méditerranéen au delà de l’adriatique, on la retrouve dans les pyrénées espagnoles) est esthétiquement ma forme préférée.
Et mon fil avait pour motivation de savoir si vous péchiez des truites comme la truite 4 de mon quizz dans vos rivières. Je suis « fasciné » par ses points rouges. « malformation » génétique ou au contraire expression de certains gènes ancestraux ? J’ai tendance à penser qu’elle a du sang adriatique, mais je ne sais pas si je fantasme. Si c’est le cas, ce serait très justifié de penser que c’est une souche autochtone sur certains affluents de l’Isère. Même si bien sûr, encore une fois, toutes les truites sont plus ou moins hybrides.
Je crois aussi qu’il ne faut pas exagérément assombrir le tableau des hybridations. Dans ce que je lis il semble qu’il y ait encore pas mal de cours d’eau qui ont gardé les formes originelles de leurs truites. Les truites fario atlantiques ont tendance à ne pas « proliférer » et perdent la bataille face aux souches locales. Il y a introgression de gène, mais rien de « dramatique ». Quasiment toutes les publications que je lis constatent que la gestion de repeuplement par les atlantiques est un échec (je n’ai d’ailleurs pas bien compris les arguments génétiques…) et qu’il vaut mieux pour tout le monde repeupler avec du local. Je crois qu’en Suisse et en Italie ils en ont pris conscience. Je ne sais pas en France, encore une fois je suis novice…
Merci pour vos avis et éclairages.