Bonjour,
Lu, sur la chaine catalane TV3, un article qui aborde une problématique peu mise en avant sur les effets des retenues d’eau :
Une traduction rapide :
Pourquoi la suppression des barrages et seuils des cours d’eau réduit l’effet de serre.
La suppression de ces barrières est impopulaire en période de sécheresse, mais elle contribue à atténuer le changement climatique, selon les experts.
En Catalogne, il existe 1 100 barrages, seuils ou ouvrages sur les cours d’eau. Parmi eux, seuls 28 sont de grands barrages. L’Agence Catalane de l’eau (ACA) en aura supprimé 115 d’ici 2027. Ce sont des barrières qui ont un impact majeur sur la biodiversité aquatique, mais qui sont également à l’origine d’émissions de gaz à effet de serre. Une équipe de scientifiques de l’ICRA et du CSIC l’étudie.
Les seuils accumulent beaucoup de sédiments de la rivière, et selon Rafael Marcé, chercheur en modélisation de la biogéochimie et des écosystèmes aquatiques du CSIC (Centre d’études avancées de Blanes) cela a d’autres conséquences :
« C’est un habitat très favorable à la génération de méthane. En fait, si on y regarde de près, il est facile de voir des bulles de méthane à la surface de l’eau, là où il stagne. »
Le méthane est l’un des principaux gaz à effet de serre qui emprisonne 28 fois plus de chaleur que le dioxyde de carbone. Sa durée de vie dans l’atmosphère est plus courte et elle a continué à augmenter ces dernières années. La réduction des émissions est donc vitale pour limiter le réchauffement climatique.
Une équipe de scientifiques de l’ICRA et du CSIC, dirigée par le chercheur Rafael Marcè, étudie si les émissions de dioxyde de carbone et de méthane diminuent lorsque ces verrous sont levés. Ils mesurent les concentrations de ces gaz, à l’aide d’une cloche à gaz flottante, dans les sections où se trouvent des barrages ou des obstacles dans la rivière, avant et après leur élimination.
Les résultats préliminaires confirment que lorsque ces verrous sont levés, les niveaux de gaz à effet de serre diminuent.
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Le fleuve Ter, au niveau de la retenue de Susqueda (ACN/Gerard Vilà)
Si l’eau coule, le méthane disparaît
Lorsqu’un tel obstacle est placé dans la rivière, des sédiments s’accumulent ; un habitat parfait pour les micro-organismes qui les décomposent et libèrent du méthane. Il s’agit de méthanogènes qui vivent dans des environnements sans oxygène. L’eau agit comme une barrière contre l’atmosphère et, en outre, de nombreux organismes sont désireux de consommer de l’oxygène. Pour cette raison, la matière organique accumulée reste anoxique.
Au contraire, lorsque l’eau s’écoule librement vers l’aval, elle entraîne les sédiments et le méthane disparaît. Les autres matières organiques qui se déposent sur les bordures ne génèrent pas d’émissions de méthane car les micro-organismes méthanogènes sont enfouis et ne produisent plus ce gaz.
Elsa Bisbal, technicienne de recherche ICRA :
« Maintenant que nous sommes en période de sécheresse, il est mal vu de démolir les barrages. Mais si cette eau n’est plus utilisée, c’est un moyen d’atténuer le changement climatique. »
Rafa Marcè ajoute :
« C’est une manière de décarboner le paysage des émissions d’origine humaine. »
Il souligne qu’il s’agit d’émissions d’origine anthropique car ce sont des barrières artificielles que nous avons mises en place :
« Jusqu’à présent, ces émissions de méthane n’ont pas été prises en compte. Il faut donc commencer à remettre en question ce discours selon lequel l’énergie hydroélectrique, mais aussi la mini-hydroélectricité, serait une énergie sans empreinte carbone. »
Une barrière aussi pour la biodiversité
L’Agence catalane de l’eau (ACA), en décembre 2023, a retiré une écluse de 6 mètres de haut de l’ancienne colonie industrielle Rio (Cne de Monistrol de Calders) pour rétablir le cours de la rivière Calders (affluent du Llobregat). L’un des objectifs est d’améliorer la mobilité des espèces. Ces barrières fluviales sont l’une des principales raisons du déclin de nombreuses espèces de poissons d’eau douce, notamment migratrices.
Elsa Bisbal, technicienne de recherche à l’Institut catalan de recherche sur l’eau, donne comme exemple le cas de l’anguille, comme l’une des espèces migratrices touchées :
« Avant, l’anguille atteignait le cours supérieur et maintenant on ne la trouve plus qu’à l’extrémité de l’Èbre. »
Et le fait est qu’en Catalogne, nous perdons plus de biodiversité dans les zones fluviales que dans les zones agricoles et forestières.
Les administrations européennes suppriment ces structures obsolètes pour améliorer leur connectivité écologique. L’impact est cumulatif car ils sont très nombreux. L’année dernière, d’ici 2023, 487 barrières ont été supprimées dans 15 pays européens. Ces initiatives ont permis de reconnecter plus de 4 300 kilomètres de rivières, ce qui a contribué à restaurer les écosystèmes et à améliorer la résilience climatique.
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