Je suis de retour et bientôt je retrouverai la rivière à laquelle je suis intimement attaché, la Dordogne.
Deux mois dans les deux îles à pêcher et vivre au grand air dans de grands espaces, pour certains préservés de la folie humaine, jusqu’à quand?
Ici aussi l’agriculture industrielle ravage les paysages, les sols, les eaux et la vie…
Pompages, irrigation intensive, pesticides en quantité, on est loin des cartes postales que l’on voit souvent.
Ce qui sauve encore la mise; la faible population corrélée à la superficie des territoires. De nombreux espaces encore intacts où les eaux sont très belles, vives, non entravées.
Plusieurs vies de pêche intensive ne viendraient à bout du nombre de rivières, de fleuves et de lacs de ce pays lointain et si attachant.
Ce fut mon 7ème voyage et l’envie d’y revenir est toujours plus forte,
Ma gratitude est immense pour celles et ceux, qui, au 19ème siècle , déposèrent les oeufs des salmonidés qui amorcèrent l’implantation des truites et des saumons et me permirent de pouvoir y pêcher au fouet.
Je demandais à un membre du Fish and Game de l’Otago pour quelles raisons l’implantation du saumon atlantique n’était pas menée et il me répondit qu’étant une espèce allochtone, elle ne pouvait plus être envisagée. Seuls quelques ouananiches subsistent dans certains lacs.
Les remontées actuelles de chinooks sont en baisse, aggravées par des débits d’étiage cette saison. Leur avenir est incertain malgré la popularité de leur pêche.
Bon nombre de rivières ne pêchaient plus pour cela et une incursion dans l’île septentrionale fut la solution pour retrouver de l’eau et des poissons actifs.
La réglementation de la pêche évolue avec depuis deux ans la mise en place de permis spécifiques journaliers pour pouvoir pratiquer sur la plupart des têtes de bassin, parcours très courus par les « overseas anglers » . Désormais un non-résident n’a plus droit qu’à 5 permis par région. Le Kiwis n’ont pas de restrictions quant au nombre de journées.
Cela ne satisfait pas évidemment les étrangers… La pression de pêche ne fait que s’accroître au fil des ans et il est bien loin l’époque oû les truites ne voyaient personne de la journée et ou l’on avait l’impression d’être le premier à pêcher certaines rivières.
C’était il y a plus de 20 ans déjà…
La graciation des prises est même limitée à 6 sur la West Coast pour éviter une suréducation des truites, en l’occurence des farios…
Sur certains parcours, il n’y a pas de quotas de prises conservées tant les truites sont nombreuses. On estime, par exemple, à plus de 150 000 le nombre de truites prises annuellement sur l’immense lac Taupo.
Les locaux n’apprécient pas que les pêcheurs étrangers squattent pendant plusieurs jours les mêmes rivières. Ils sont attachés à une pêche de qualité, ce qui signifie un savoir-vivre et un civisme au bord de l’eau inconnus chez nous la plupart du temps.
On ne pêche pas en descendant s’il y un pêcheur en aval et s’il y déjà quelqu’un, on va ailleurs…
Il faut impérativement demander aux propriétaires l’accès à la rivière , c’est-à-dire de pouvoir traverser leurs terres. L’ignorer serait très mal vu conduisant à des restrictions , ce qui se produit, surtout dans l’île du Nord avec des pêcheurs indélicats.
Très souvent, la pratique de la remise à l’eau est questionnée et c’est toujours un gage d’accessibilité aux parcours…
Les truites peuvent y grossir, faire des petits et éviter de finir dans des poêles, d’ailleurs il faudrait que les ustensiles de cuisson soient adaptés à leur taille respectable !
Le permis de pêche est plus onéreux pour un non-résident mais son prix est quasi similaire à celui de chez nous, avec la médiocrité en moins…
Au magasin de pêche, j’achète ma licence de pêche…
Les Kiwis se mettent à des techniques comme l’euronymphe, les cannes switch…
Les gros indicateurs d’antan laissent la place aux fils colorées. La taille des nymphes diminuent aussi…
J’ai surtout pratiqué en sèche à vue sur des poissons installés sur une derive d’insectes ou sous l’eau à vue également quand ce fut possible en nymphe.
La pêche au fil m’intéresse très peu et je préfère lorsque les conditions de visibilité ou l’état des eaux sont impropres pour cela, pêcher à la mouche-leurre ou bien en noyée classique.
Je recherche la qualité et non le nombre de prises même si les résultats sont inférieurs en nombre ainsi.
Surtout dans un pays aux eaux cristallines comme c’est la plupart du temps le cas ici.
La météo est le facteur clé pour bien pratiquer, rares furent les journées calmes sans vent et ensoleillées.
Les pluies font très vite monter les rivières les rendant impêchables parfois pour plusieurs jours.
Plus de farios au Sud qu’au Nord mais cela est relatif
Les arcs -en-ciel sont redoutables de pugnacité et je me suis fait atomiser plusieurs fois en 20 centièmes de pointe.
J’ai d’ailleurs pêché la plupart du temps en 17 et je cassais encore en bridant tant sur des farios que des arcs…, beaucoup de berges creuses et d’arbres noyés.
L’approche est le facteur de réussite dans 90 pour 100 des situations comme partout d’ailleurs
En conclusion, malgré les points négatifs évoqués et une pression de pêche toujours plus forte, il y a encore bien des plaisirs et des joies à en attendre.
Les vols les plus rapides excèdent les 27 heures de vol et leurs prix ne cessent de grimper.