Tucunarés des llanos colombiens

Fin février, nous nous retrouvons sur Bogota pour partir dans les llanos, région de Colombie longtemps sous contrôle des FARC ( Forces armées révolutionnaires colombiennes). Depuis les accords de paix de 2016, la région est accessible et permet la pêche sportive.
Nous pêcherons un affluent de l’Orénoque, le rio Vichada, l’Orénoque lui-même et les lagunes adjacentes.
La pêche s’effectue depuis une pirogue, à deux pêcheurs. Je pêcherai avec Martial tandis que Charly et Dominique constitueront l’autre équipe de moucheurs.
Les eaux sont beaucoup moins claires que sur le Negro, au Brésil. Les soies flottantes seront donc peu utilisées et nous passerons des longues pointes intermédiaires aux soies plongeantes type S4.
La plupart des touches ont lieu à mi-parcours lorsque la mouche se trouve à la cassure de pente et amorce sa remontée. Discrètes ou très violentes, le combat qui s’en suit révèle la taille de l’attaquant.
Les tucunarés borboletas sont les plus nombreux et une fois qu’une bande est trouvée, les prises s’enchainent et les doublés ne sont pas rares.La taille de ces borboletas est plus élevée que sur les affluents du bassin du Negro. les sujets de plus du kg sont assez fréquents.



Les gros sujets, des tucunarés açu, demandent à être bridés en force avant qu’ils ne puissent regagner les structures de bois noyés. le pêcheur ne gagne pas toujours et les casses en 70lbs et 80lbs sont courantes… N’est-ce pas Martial?





Charly verra la peau de ses doigts brûlée par un départ de gros peacock bass… La force de ce poisson est redoutable et il vient à bout de pointes robustes sur le premier départ.

A plusieurs reprises, notre piroguier plongera au sein des bois noyés pour se saisir du poisson ou pour tenter de dégager la ligne des obstacles…

les eaux turbides nous obligeront à utiliser des mouches aux couleurs vives; les hollow flies en buck tail tout comme des streamers en fibres pugglisi fonctionneront plutôt bien dans des teintes chartreuse rouge, jaune orange…sur des fers de 2/0 en moyenne.

La mouche est souvent bien « secouée » après une prise…

J’utiliserai aussi de petites mouches de réservoir, genre de petites virgules en marabout lorsque les poissons se montreront moins actifs et qu’ils ne réagissent que sur des animations plus lentes.

Nous tenterons sans succès en surface au popper et autres sliders.
Hormis les tucunarés, il est possible de prendre une payara dans les courants de l’Orénoque. la tâche est cependant très difficile; les accrochages dans les rochers sont plus fréquents que les touches!
Dominique parviendra à en accrocher une sous la chaleur accablante. IMG-20200303-WA0021|666x500
A la mouche, la dure gueule de la payara complique les ferrages.

Les postes sont limités et éloignés et demandent de longs trajets en pirogue.

La chaleur est vite intense et il faut lancer et relancer sans cesse… L’attaque brutale qui peut suivre sur l’un d’eux, bridée à tout rompre, peut voir le poisson conserver le streamer malgré la résistance du bas de ligne.
Dominique fait une partie mémorable sur une des lagunes prospectées, 7 poissons de plus de 4 kg… Sacré score! Dont plusieurs à vue et bridage à l’avantage du pêcheur…



Nous regretterons de ne pas exploiter davantage la rivière, les lagunes constituant l’essentiel des lieux de pêche.
Ces dernières sont louées par les communautés amérindiennes aux pêcheurs et elles s’engagent à ne pas pêcher les tucunarés. La plupart de ces lagunes sont très étendues et en communication avec la rivière-mère.

Une prise accidentelle pour Dominique, un surubim

Si l’on compare avec la pêche du peacock bass en Amazonie brésilienne, nous trouvons que la diversité des prises est bien plus importante au Brésil ( jacundas, bicudas, oscars, piraï…).
La densité de gros sujets est également supérieure au Brésil. Un 10 kg y est possible…et les scores à plus de 100 poissons par pêcheur et par journée ne sont pas rares sur les affluents du rio Negro.
Le camp de pêche est très sommaire comparé au luxe brésilien.


Le budget d’un tel voyage est de 2400 euros auquel il faut ajouter le vol international autour des 700 euros. Une canne de 9 est un bon compromis. Pour éviter de se faire dévorer par les simulies et autres sand flies, de longues manches et un bon répulsif sont indispensables.

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Merci pour l’évasion :slightly_smiling_face:
j’en ai pris un il y a plus de 20 ans, le seul souvenir que j’en garde c’est la foudre au bout de la canne!!

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Superbe…; J’en ai pris des petits en Equateur en « do it my self »… déjà ça tirait… J’imagine ceux là… Merci pour le partage!

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Comme dab Chris très beau reportage …

Tu nous fais rêver Christophe. Magnifique. Vous pêchiez avec quelle numéro de soie?

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Merci Yannick et Michel🙂
Des soies Rio tropicalisees en 8 pour moi principalement. Des soies plongeantes 250 grains ou Leviathan aussi.
Une plongeante eaux froides devient rapidement énervante suite aux emmelages quasi systématiques.

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Au Brésil, on ne pêche quasiment qu’en flottante de 8 à 10.
En Colombie, je pouvais ajouter un clouser assez pesant sur une Outbond de 10 mais je préfère de loin pêcher sur ma Winston de 8🙂

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Magnifique Christophe. La pêche au streamer est une vrai drogue. Dans un tel milieu, sur des poissons sauvages et sans doute peu sollicités, ça doit réellement être magique.

Bravo et merci du partage.

Fred

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Espérons seulement que cet engouement pour cette fabuleuse espèce qui voit déferler des hordes de ferrailleurs sur le bassin amazonien ne transformera pas ce paradis en désert halieutique. J’ai en effet, depuis une trentaine d’années que je prospecte ces eaux, assisté à une diminution drastique de la taille moyenne des peacocks. Trop de bateaux-hôtels, trop de lodges, d’infrastructures, dont certaines alimentent leur clientèle avec leurs propres prises( sic), sans oublier les campagnes de pêche professionnelles officiellement pêche sportive. Trop de pression halieutique. Inexorable évolution, me dira-t-on…
Quelques destinations sont tout de même parvenues à préserver leur qualité halieutique sous couvert d’autorisations tribales et fédérales, mais il faudra y mettre le prix, de l’ordre de 5000 $ la semaine pour les plus onéreuses.
Alors, si vous pouvez payer, n’hésitez pas, allez y. Un peacock trophée à la mouche reste une expérience inoubliable vous menant tout droit à une addiction dont le seul remède est la réitération.
De nouvelles destinations devenues à l’issue de quelques articles de presse halieutique, ainsi que d’un certain matraquage des réseaux sociaux avec caricaturales photos " Pinocchio " où la prise est parfois plus grosse que le pêcheur, de véritables " place To be", permettent encore de réaliser son rêve de gros peacock, à des tarifs plus " raisonnables", mais jusqu’à quand, compte tenu de la relative exiguïté de leurs bassins fluviaux qui ne saura résister à une excessive pression halieutique.
Certains d’entre-vous me trouveront sans doute pessimiste, mais c’est le revers de la médaille de la mondialisation, et qu’y pouvons nous? Alors, profitons-en tant qu’il est encore temps, comme notre ami Christophe à su le faire le mois dernier.
Hélas, pour des raisons familiales, je n’ai pas pu l’accompagner, à mon grand regret.

A plus

B

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Un reportage dpm, compadre !
Dominique, de sacrés beaux poissons !!! avec les dents de la rivière en plus des tucunarés !

Merci pour cet excellent reportage

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Merveilleuse Colombie et merveilleux peuple! J’y ai traîné mon sac à dos il y a dix ans, c’était un peu chaud compte tenu de la présence des FARC un peu partout et en particulier entre Popayan et San Augustin, mais quel plaisir!
Vous avez fait là une belle expérience!

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Merci Christophe, nous avons en plus passé de bon moment !! A refaire ailleurs …

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Super récit @cdouziec :blush::+1: vous avez passé un séjour magnifique !! J’aurais bien voulu vous accompagner , peut être une prochaine fois …

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Merci beaucoup pour ce beau récit et ces magnifiques photos .
:+1::smiley:

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superbe Christophe :heart_eyes:

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