En 2018, le comité français de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) publiait les résultats d’une étude sur l’état des populations d’éphémères en France métropolitaine, parvenant à la conclusion que plus d’une espèce d’éphémères sur cinq est actuellement menacée de disparition sur le sol français.
Extrait :
"Du fait de leur phase larvaire sensible se déroulant en milieu aquatique, les éphémères nécessitent une bonne qualité d’eau pour accomplir leur cycle de vie, ainsi qu’une diversité de micro-habitats, tels que des graviers, galets, roches, bancs de sable ou racines d’arbres des rives. La dégradation et la régression de ces habitats naturels constituent les principales menaces pour ces espèces, résultant de la conjonction d’un grand nombre de facteurs d’origine anthropique.
Certains facteurs contribuent à la modification de l’écoulement, du débit et du lit des cours d’eau. C’est le cas par exemple de la construction de digues, de barrages ou de microcentrales hydro-électriques, auxquels s’ajoutent l’aménagement et l’entretien des berges et le dragage des fonds. L’intensification des pratiques agricoles constitue une autre pression importante, avec par exemple le pompage pour l’irrigation ou la mise en culture de zones humides en tête des bassins versants. Les stations de sports d’hiver, par le prélèvement d’eau pour les canons à neige, et les activités sportives d’eaux vives, affectent également les milieux dans lesquels vivent ces espèces.
D’autres pressions contribuent à la dégradation de la qualité des eaux, que ce soit en termes de composition chimique ou de température – le réchauffement réduisant la quantité de dioxygène dissous disponible. Les rejets de polluants urbains, les effluents agricoles issus de l’élevage intensif et les effluents industriels, dont ceux des eaux de refroidissement des centrales nucléaires, menacent particulièrement les éphémères. C’est le cas également des effluents dus aux activités touristiques saisonnières, comme dans les campings ou les stations de montagne, aux structures d’épuration parfois sous-dimensionnées. L’exploitation forestière altère aussi la qualité du milieu, lorsqu’elle repose sur des essences modifiant l’acidité des sols. Enfin, ces espèces liées aux eaux douces subissent l’impact des usages de l’espace à grande échelle, comme le lessivage des sols dû à l’agriculture intensive, le drainage des terres cultivées et l’extension des surfaces urbaines imperméabilisées.
Parmi les autres nuisances, la pollution lumineuse affecte directement le cycle biologique des éphémères, attirant les adultes et réduisant leurs chances de reproduction.
Les résultats de cet état des lieux montrent avant tout l’importance d’améliorer la qualité des cours d’eau et de restaurer leur naturalité, pour préserver ces espèces au rôle clé dans les écosystèmes et essentielles comme indicatrices de l’état de santé des milieux aquatiques.
Le résultat final de l’étude est présenté sous la forme d’un tableau synthétique réunissant les 142 espèces d’éphémères étudiées :