Dordogne, la rivière désespérance

Ton témoignage de terrain est intéressant, je pratique cette rivière depuis longtemps mais par intermittence (lors de mes congés) donc mes constats sont à prendre avec précaution, mais certains sont cohérents avec les tiens.
Selon toi qu’est ce qui peut expliquer ces phénomènes ?
Concernant les couasnes, leur comblement est une évolution normale, naturelle, plus ou moins inéluctable non ? En fait ces couasnes ne sont que d’anciens bras de rivières qui se comblent, certes très lentement, mais qui sont inévitablement amenés à disparaitre. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faudrait pas faire quelque chose pour les maintenir compte tenu de leur intérêt évident pour la richesse de la rivière, mais je ne suis pas un spécialiste pour juger de la réelle utilité de ce genre de travaux.
Concernant la végétalisation des grands bancs de galets je l’ai remarqué aussi, bien que je ne pense pas que cela ait un impact sur le peuplement de la rivière.
Lundi j’étais dans le secteur de Gluges - Creysse pour essayer de prendre mon premier brochet à la mouche (j’ai eu trois attaques ! chance du débutant ou peuplement conséquent :wink: ? le plus beau m’a faussé compagnie après m’avoir donné de belles sensations, l’autre a loupé mon streamer deux fois … ce n’étaient pas des monstres mais pas des brochetons non plus). Lors de cette journée j’en ai profité pour aller voir des coins que je n’avais pas fréquenté depuis de nombreuses années, et j’ai effectivement été surpris de voir que la grande île de galets du secteur de Montvalent (ancienne gravière) que j’avais autrefois toujours connu quasiment nue c’était transformée en petite “forêt” de peupliers. Encore une fois, n’est ce pas un phénomène naturel, normal … ? Les périodes de hautes eaux sont toujours aussi importantes qu’autrefois, non ? Peut être que les éclusées mieux maîtrisées permettent aux plantes de se maintenir plus facilement. C’est plutôt positif non ? la rivière n’en ai que plus sauvage ?
Bref, il ne s’agit que de quelques impression sans aucun crédit scientifique …
Tout ce que je peux dire c’est que j’ai croisé pas mal de rivières en France, et aucune d’entre elle n’était pas plus ou moins malade … mais la Dordogne offre un potentiel fantastique avec notamment une variété de poissons étonnante, je ne connais pas d’équivalent, la pêche y est difficile c’est certain, mais même un “demi-touriste” comme moi arrive à en prendre … un peu … :wink: ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas rester vigilant.
A+
Bertrand

Les phénomènes que tu décris (comblement bras mort, végétalisation des bancs de galets, prolifération des herbiers…) sont lié a la présence des barrages qui écrêtent les crues et bloquent la circulation des sédiments.

  • La Dordogne n’a plus connu de grande crue morphogène (période de retour >10 ans) depuis les années 50. => les ligneux des hauts fonds et les herbiers aquatiques ne sont plus arraché, ils se développent d’une manière exponentielle.
  • Le blocage des sédiments => enfoncement du lit mineur, déconnexion des bras morts et progressif comblement.

Là encore, se sont les paramètres abiotiques qui jouent un rôle déterminant !

A+
J

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On le réclame depuis des lustes à EDF : on veut de temps en temps une bonne crue. Mais ils s’y refusent de peur d’avoir des comptes à rendre aux riverains innondés et aussi de laisser passer des m3 d’eau sans pouvoir les turbiner.

Fred

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Merci John pour tes explications fort intéressantes :grinning:
Par contre si tu pouvais un peu traduire certains mots (vulgarisation … ) car je pense que nous n’avons pas tous la chance d’avoir des connaissances scientifiques de ton niveau dans le domaine :wink:
Mais je pense avoir compris l’essentiel.
Ce qui me surprend c’est que si je ne me trompe pas ces barrages sont plus vieux que moi (je suis né en 1969) et j’ai connu pendant de nombreuses années ces îles de galets sans arbres. Le phénomène était déjà commencé ? Il s’est peut être accéléré ? Serait ce une meilleure maitrise des éclusées qui en est la cause …

Je viens de voir le message de Fred, j’ai ma réponse, merci !

Est ce que le problème actuel de la Dordogne n’etait pas aussi celui de l’Ain, du Verdon, de la Bienne, de l’Ardeche et de bien d’autres encore que je ne connais pas? L’émancipation du tourisme, des activités économiques rendent ils une rivière plus propice à la peche a la mouche?

La clé c’est le rivière moyenne :joy:

Bonjour Alain
je pense perso que le tableau que tu dresses est un peu noir quand meme.
Je ne parlerai que de ce que je connais;je peche peu la truite et l’ombre sur cette partie de rivière .
Par contre j’y suis plus souvent pour pecher le carnassier en fin de saison.
Des brochets ,j’en prends régulièrement tous les ans,de toute taille,de la perche aussi.
Il y a 10 ans j’ai quitté mon Allier natal et la rivière du meme nom pour venir en Corrèze;je n’y pechais que le carnassier et je voyais moins de brochets en une saison que ici en 1 mois et 1/2…
Je n’ai pas vu énormément d’évolution négative durant les 10ans qui se sont écoulés;mais je n’y suis que depuis 10 ans et je ne peux pas comparer plus loin comme tu peux le faire.
Mon frère(qui est resté dans l’Allier) vient tous les ans passer un week-end peche carnassiers sur la Dordogne pour une seule raison:il m’envie!Pour l’instant,il n’est jamais reparti décu,et il a toujours vu du poisson en plus des paysages magnifiques qu’il apprécie.
Comme Fred,pas plus tard qu’hier,j’ai pu observer de très nombreux brochetons sur toutes les couasnes que j’ai pu observer ainsi que de beaux bancs de perches;certes un poil plus aval que ton secteur.Et elles étaient loin d’etre toutes comblées.
Je ne cherche pas a polémiquer mais juste te donner mon avis et mes données de terrain a moi
Je connais moins bien la rivière que toi mais on est la pour échanger aussi il me semble
Merci pour ton investissement personnel sur cette rivère
jean-luc

ps:en cadeau 2 poissons pris l’année derniere sur ce secteur;moi tant que j’y trouverai ca,la rivière ne m’inquiétera pas trop:heart_eyes:

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la Dordogne n’échappe pas a la règle générale en France: une gestion calamiteuse.Le potentiel est pourtant là, il ne faudrait pas grand chose pour en faire un des meilleurs parcours de pêche à la mouche d Europe.

Jolie maman la premiere photo.Plus de 90 ?

Oui,plus proche du mètre.

En voilà une histoire pour 2 jours de canoë par an. :smile:

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Pour répondre à Fred, je me demande comment tu peux affirmer que la Dordogne est en bonne santé quand visuellement, il est évident que des choses ne vont pas. J’ai au bout de mon jardin un petit ruisseau qui vient d’une résurgence. L’été une pellicule huileuse apparaît à sa surface. Ce ruisseau se jette dans la Tourmente qui se jette dans la Dordogne. Si tu multiplies par plusieurs centaines le nombre de résurgences qui rejoignent la Dordogne, tu as un aperçu de la pollution qui s’y déverse. Elle concentre toutes les infiltrations des plateaux calcaires qui l’entourent avec leurs lots d’engrais, de déchets d’élevages (porcs, canards…), de résidus de fosses septiques (aux normes ou pas) et de déchets suspects enfouis plus ou moins légalement ( j’en connais près de chez moi).
Ceci ne concerne que la partie nuisances par la pollution organique. Si tu ajoutes les nuisances physiques (enrochements, niveaux artificiels, prédation des cormorans …) tu t’aperçois que ça fait beaucoup pour une seule rivière.
Pour beaucoup, la Dordogne compte un grand nombre d’espèces de poissons. Ça ne veut pas dire qu’elle va bien. J’ai réussi à prendre dans la Seine à quelques km de Paris 16 espèces de poissons différents. Cela ne fait pas de ce fleuve l’équivalent d’une rivière néo-zélandaise.

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Salut Alain,

je n’ai jamais dit ou écrit que la Dordogne était en parfaite santé. Il y a des problèmes comme sur toutes les rivières européennes. Mais il ne faut pas noircir le trait non plus. On a une chance inestimable d’avoir cette rivière. Et il faut se battre pour que cela continue voire s’améliore.

Fred

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Ce que tu décris est malheureusement la situation de la majorité des rivières françaises et la Dordogne lotoise est, selon ma petite expérience personnelle, très loin d’être le cas le pire, mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas regretter, dénoncer et combattre ces dégradations de notre environnement.

ce débat est tout de même intéressant car chacun y fait part de son ressenti qui forcément ne peut pas être le même selon le vécu.

L’important c’est de pouvoir tout mettre sur la table sans tabou.

Alain en parle avec passion et oeuvre dans le bon sens, cela mérite le respect.

Contact par mp Alain.

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Bonjour,
L exemple de la Dordogne ne peut que me rappeler l allier de brioude à la partie puy de dôme que j aie fréquenté assidue de nombreuses années.
tous les espèces y étaient présente, avec une forte présence de truite et ombre jusqu au niveau de Clermont-Ferrand. C’est 30 dernières années plus de crus importantes, des stations d épuration qui rejettent une eau lessivé, des berges droites et voilà une rivière qui a tous perdu.
conséquence de l homme direct ou indirecte on se retrouve à devoir aller sur la sioule (qui elle aussi subit énormément) ou autre pour assouvir n autre passion !
je crois que en résumé que la seul et unique solution et que nous devrions nous les coudes chacun à son niveau afin de faire vivre notre passion avec comme seul but de transmettre un patrimoine à nos enfants… Afin de connaître ne serait-ce que d être initié sur un banc de vandalisés !

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Très intéressant ce que tu dis Mik1263, c’est le cas pour toutes les grandes rivières, moins de matière organique et surement plus de produits chimiquse. Autant la matière organique des laiteries, abattoirs et villages n’étaient pas très ragoutante autant cela permettait à la rivière de produire du poisson, c’est à peut-près le même constat dans pas mal d’endroit, une eau de plus en plus claire, des fonds de plus en plus propres et moins de poisson. Après il y a aussi peut-être un problème de réchauffement qui fait que les secteurs mixtes cyprinidés-salmonidés se trouvent maintenant plus en amont qu’avant. La présence du cormorans n’arrange aussi pas les choses. Ici la Moselle n’est plus que l’ombre d’elle-même, 2 fois moins d’ombres pris lors de la manche de 1ère division de pêche à la mouche et encore certains poissons ont été pris 3 fois! Est-ce des variations cycliques normales ou une vague de fond, l’avenir nous le dira? Ce qui est sûr c’est qu’il y a 20 ans sans clous tungstène il n’était pas possible de tenir debout sur la Moselle car les galets glissaient comme du savon, maintenant ils sont propres comme des sous neufs et on glisse beaucoup moins…

Cela pose aussi la question de l’évaluation de l’état de santé d’une rivière. Il existe plusieurs méthodes, laquelle est la meilleure?

Les grilles des agences de l’eau combinent des facteurs physiques, chimiques, biotiques pour arriver à leur évaluation. Cela aboutit à des classes d’eau dont globalement la qualité s’améliore (selon ces critères).

Les gros points noirs on les connait : les nitrates, la température, les pesticides, la dégradation physique des lits…

Fred

Les nitrates n’ont jamais été nocifs pour les poissons, là où ils sont déclassant c’est à cause des normes de potabilité de l’eau (qui ont été reprises pour le bon état,) . Même en Bretagne pour les marées vertes les phosphates sont de plus en plus montrés du doigt au détriment des nitrates. Je pense effectivement comme toi que qualité d’eau suivant les critères actuels ne rime pas forcément avec poisson.

Bonjour Fred,
Je ne veux pas polémiquer mais je te rappelle tes propos "Mais non, cela ne veut pas dire que la rivière est en mauvaise santé. Loin de là."
Si ça n’est pas affirmer qu’elle est en bonne santé, ça y ressemble.
De plus, comment peux-tu dire qu’il n’y a plus de grosses éclosions mais que les insectes sont bien présents? Pour moi, le calcul est simple : beaucoup d’insectes = beaucoup d’œufs = beaucoup de larves = beaucoup d’éclosions.

La crue a 800m3 de début juin 2016, elle a quand même du impacter le peuplement benthique de la rivière a une étape clé du développement des jeunes larves, de la même manière que le recrutement naturel en truite et en ombre a été médiocre en 2016.

A+
J

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