Je relance le sujet, en lisant qu’après la Dordogne et la Garonne, les pêches visant à limiter (éradiquer ?) le silure vont être appliquées à la Charente et à l’Adour…
Motif : préserver les migrateurs, se faisant manger par le gros matou… EDF est dans la boucle (pas touche au barrage !), les pêcheurs pro aussi, l’OFB, et j’en passe, mais pas un mot d’une FD de pêche pour parler de tout ça.
Partout (Adour me concernant) où les populations sont stabilisées, ça va certainement revenir à une explosion des populations de plus petits, et donc un retour en arrière plutôt qu’une vrai avancée… Les migrateurs resteront empilés dans les passes à poissons…
Tu sais ca fait 3 ans qu’ils éliminent plus de 1000 silure par an sur la Dordogne 24, non seulement le rendement des engins se maintiens avec les années mais en plus la taille moyenne est stable. Ils ont même battu le record en taille cette année avec un poisson de 2,6m.
=> Les prélevement sont anecdotiques par rapport a la taille de la population de silure.
=> Ca sert strictement a rien ce qu’ils font (et bien sur il y a aucun effet sur la population de lamproie marine).
Le niveau d’amateurisme de ces opérations est affligeante.
A+
J
Merci pour ton retour @John78 , c’est justement pour cela que je m’étonne (trop candide ?) que ces opérations se propagent à deux autres fleuves.
Ça fait juste bosser les pêcheurs pro et donne l’impression de faire quelque chose pour les anti glane…
D’ailleurs, les silures sont revendus pour la consommation de leur chair ou direction l’équarrissage ?
Je ne sais pas pour les débouchés mais je te rejoins sur l’explication, je n’y vois rien d’autre qu’une nouvelle opération de soutien financier a peine déguisée a la filière peche pro par la région Aquitaine. D’où l’extension a l’Adour et la Charente, chacun veut sa part du gateau.
Quand aux FDAAPPMA du bassin,on va pas beaucoup les entendre protester, elles viennent elles aussi de toucher leur part du gateau de la part du conseil régional :
A+
J
Bonjour,
Effectivement, cet opération est un os à rogner donné aux pêcheurs pros qui se plaignent de ne plus pouvoir pêcher les migrateurs. Du coup on les finance pour pêcher les silures.
Il est trop tôt pour mesurer l’impact réel sur les populations de silures. L’an dernier ils en ont sorti 1600 pour 60 tonnes et cette année, ils en sont à 1400 et la campagne n’est pas terminée. Sur certains secteurs, l’impact est réel, sur d’autres c’est plus mitigé. Sur les secteurs péchés depuis 4 ans, la taille moyenne des captures commence à baisser.
Sur la Dordogne, le suivi est assez rationnel avec un moyen de capture sélectif : le cordeau avec une grosse arc en ciel. Sur d’autres, c’est n’importe quoi avec de gros taux de capture d’espèces non ciblées comme des carnassiers mais les filets sont employés en aveugle.
Les contenus stomacaux sont réalisés pour les poissons de plus de 1,20 m. Ils révèlent la présence de quelques migrateurs mais le moindre mulet est comptabilisé.
Il en ressort que : les saumons ne sont pas vulnérables hormis blocage sévère, les aloses ne sont pas vulnérables hormis blocage. Par contre les lamproies sont des proies plus simples à capturer pour les silures.
En tout cas c’est un sacré massacre qui pour la plupart des poissons est purement gratuit. En effet, si l’an dernier la chair des poissons était vendue aux pays de l’est, cette année des analyses ont révélé une contamination des graisses des sujets âgés par du mercure. Les sujets de plus de 20 kilos sont envoyés à l’écarissage. Seuls les petits sont exploités commercialement.
Dommage, il y avait des densités de poisson hallucinantes sur ces secteurs. Mais dans notre pays, dès que la biomasse abonde dans une zone on s’empresse de la réduire.
Tu as raison de citer EDF car ils poussent à la réalisation de ces opérations en menaçant de ne plus faire d’efforts de leur côté si rien n’est fait sur le dossier silure. Du coup, le monde politique vote en faveur de ce carnage des deux mains.
Fred
Quels intérêts a EDF dans l histoire ?
Bonjour,
Autre région… autre valorisation : un restau gastronomique sur la rive opposée à la commune où j’habite. Les menus commencent à 50 euros, jusqu’à 160 euros (sans les boissons).
A ce prix, tu peux gouter au silure pêché dans la rivière qui nous sépare et voilà ce qu’en disait le chef de cet établissement il y a deux mois : « Sa cuisson douce et maîtrisée, associée à un beurre blanc onctueux et une fondue de poireaux nantais parfumée, révèle toute la délicatesse du silure. »
C’est désormais un plat recherché et le fait que ce soit un poisson labellisé « local » y joue aussi pour beaucoup dans sa haute valeur ajoutée… 60 tonnes à ce prix-là !
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Je ne crois pas qu’il soit possible de tirer la moindre conclusion de cette opération concernant l’impact du silure sur les migrateurs. Je le répete souvent mais la science c’est une démarche : il faut des suivis normalisés, des traitements statistique des résultats, se conformer a des procédures de publication etc… On ne sait même pas quel est la taille efficace de la population de silure dans le système, et logiquement personne ne peut dire si en prélevant 1000 silures par an on tape 1%, 10%, 0.1% de la population. Avant toutes choses il aurait fallu entreprendre une opération de marque/recapture ou une étude génétique d’assignation de parenté.
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Concernant le volume de prélevement de silure. Si après 3 ans de peche aux engins, le rendement est toujours le même et que la taille moyenne est stable, la conclusion me semble pour le coup assez claire : celà ne sert strictement a rien. 1000 silures par an sur 30 km de rivière, ca fait jamais que 30 silures au kilomètre qui sont retirés, a quoi il faut ajouter les affluents connectifs qui en sont claffis comme l’Isle en bas ou la Vézere en haut. Celà me semble complètement anecdotique.
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Je crois qu’on aurait tout a gagner a sortir des postures morales de type « tuer des poissons c’est mal » quand, en face, la posture morale consiste a dire que « les silures ca bouffe tout » . Au pays des Lumières, il est grand temps de remettre du rationnel et de la science dans ce dossier. Rêvons un peu… Mais bon, au fond les lamproies et les aloses tout le monde s’en fout et c’est bien ça le plus triste dans cette comédie…
A+
J
Détourner le regard de leurs carences dans la gestion de l’(in)efficacité de leurs ouvrages de franchissement. C’est nous avons fait beaucoup d’efforts, il y a un problème avec le silure, on ne fait plus rien tant que ce problème n’est pas traité.
Les pêcheurs pros ont exactement le même discours. À côté du silure, nos prélèvements sont supportables donc laisser nous poser nos filets.
Les fédérations de pêche sont très très emmerdées. D’un côté, elles font partie des instances qui prennent les mesures de régulation du silure car elles ne peuvent pas nier qu’ils consomment des migrateurs mais de l’autre, ce poisson devient avec les écrevisses américaines leur fond de commerce. Et elles ont de très nombreux adhérents qui se passionnent pour cette pêche du silure.
Voir cet article où on voit que l’UFBAG (les FD de pêche du bassin Adour Garonne) ont pris part à la décision de cette opération de régulation.
Donc elles ont le cul entre deux chaises. Cela se voit d’ailleurs dans le discours des différentes FD. Certaines demandent le classement en nuisible et d’autres tentent de protéger la ressource silure.
En attendant, c’est un coupable tout désigné des maux de la rivière. Dans le contexte de populisme ambiant à tous les niveaux c’est l’immigré idéal qui mange le pain des poissons autochtones. Proposer de les exterminer est une solution simple à un problème complexe et ça ça fait instantanément recette auprès des foules.
Fred
C’est fait. Depuis une décennie, des centaines de silures ont été marqués puis relâchés par Epidor et de nombreux pêcheurs de loisir qui ont marqué leurs prises (ils doivent avoir un peu mal au c.l aujourd’hui d’avoir participé à fournir de la donnée qui justifie ce carnage). Il y a eu des radio pistages, des études de migration, des études de contenus stomacaux. On sait pas mal de choses sur cette population.
Mais la science comme tu dis réclame des temps longs. L’étude est en cours mais elle est percutée par cette mesure politique de tentative de régulation de la population. C’est triste mais politique et science n’ont rien à voir mon pauvre @John78 . Tu auras beau mettre en évidence des faits par la démarche scientifique si ça rapporte quelques voix aux politiques, ils n’hésiteront pas une secondes à aller contre la science (cf les ZFE, les néonicotinoïdes ou ce qui se passe aux US pour le climat).
On ne saura donc sans doute jamais vraiment ce qu’était la population de la basse Dordogne autrement que par le nombre de bennes de poissons qui ont fini à l’écarissage.
En tout cas c’est vraiment une introduction réussie car au départ, il n’y a que 80 kilos de ces poissons qui ont été lâchés dans le Bergeracois.
Fred