Raréfaction de l'ombre commun?

Bonjour,
Beaucoup se plaignent de la raréfaction de l’ombre. Or, sur ma rivière préférée, le constat est plus nuancé: certaines portions de rivière jadis correctement peuplés paraissent aujourd’hui vides tandis que d’autres secteurs très localisés voient leurs populations se maintenir voire progresser. Yannick pense, sans doute à raison, que les cormorans sont pour beaucoup dans cette situation. D’ailleurs, globalement, il est vrai que les secteurs “vides” se situent majoritairement en zone plus rurale alors que les portions urbaines paraissent davantage préservées du fait que la présence humaine gêne vraisemblablement la prédation par les cormorans.
Pour autant, je connais quelques rares secteurs isolés de tout et qui ont conservé leur cheptel. Si, outre les cormorans, un autre facteur réside dans les migrations des ombres qui se regrouperaient…pourquoi le font ils aujourd’hui et pas il y a seulement quelques années en arrière?
Constatez-vous le même phénomène?

Peux-tu en dire plus sur les secteurs où la population s’intensifie ? Proximité d’embouchure d’affluents ?

Sur plusieurs rivières du Jura et du Genevois, nous avions montré que la raréfaction de l’ombre était claire à l’échelle de la rivière, et qu’en fait les poissons se regroupaient vers les affluents plus froids (refuges thermiques). Nous pensons même à l’heure actuelle qu’ils utilisent également des zones de résurgence de la nappe phréatique sur d’autres rivières (projet de recherche qui va démarrer l’année prochaine).
Ce poisson étant bien plus sensible à la température que la truite, il subit de plein fouet les hausses de températures des rivières (changement climatique, abattage des arbres, baisse des débits, etc), et se réfugie où il trouve encore un peu d’eau fraiche au cœur de l’été…

bonjour, sur les rivières que je pratique,Rahin et Ognon, j’ai remarqué que l’ombre avait tendance d’année en année à migrer vers l’amont, et je pense comme DavidG, sans doute pour retrouver une eau plus fraîche.

Il est faux de dire que l’ombre est plus sensible a la température que la truite.
L’ombre est par contre beaucoup plus exposé que la truite au problème d’augmentation du profil thermique des rivières car son habitat de prédilection, la fameuse zone a ombre, est située sur des parties de rivières où le profil thermique est celui d’une zone de transition entre la partie salmonicole et la partie cyprinicole. Ces secteurs sont déjà naturellement “limite” pour la survie des salmo, il faut peu de chose pour que l’ombre y disparaisse où soit obligé de migrer vers l’amont où hélas la pente et l’habitat lui sont rapidement défavorable. Sur la haute rivière d’Ain par exemple qui fut l’une des rivières a ombre les plus productives de France, la zone a ombre a reculé de presque 20km en 30 ans et se retrouve aujourd’hui coincée sur un modeste linéaire de quelques km autour de Champagnole…

=> La zone a ombre “historique” n’existe pratiquement plus en France, elle disparaitra complètement a une échelle de temps de 20 ou 30 ans, c’est complètement cuit…

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C’est une analyse pleine de bon sens même si j’aimerai que cela soit faux :frowning:

Non non, il n’est absolument pas faux de dire ça : la limite supérieure de la gamme de tolérance aux températures de l’ombre est plus basse que celle de la truite. La température létale pour l’ombre est inférieure à la truite, considérée à environ 23°C contre 25°C pour la truite (travaux de Persat et de Northcote).
Elle a une température de repro et optimale plus élevée, mais sa gamme supérieure de tolérance, très bizarrement, est très brusque. Cette gamme est plus réduite que la truite. Donc l’ombre préfère des rivières plus chaudes en moyenne, mais plus tamponnées surtout. Des hausses estivales importantes sont bien plus préjudiciables à l’ombre qu’à la truite.

Par contre ton analyse est également bonne quand à la localisation des zones à ombres et leur sensibilité…

Ce sont ces deux problèmes qui fragilisent l’ombre et le font régresser autant (démontré à l’échelle européenne, française et suisse).Et c’est aussi pour ça que les refuges thermiques sont probablement la dernière chance de maintenir l’ombre dans certaines rivières qui subissent un réchauffement estival important.

l’ombre est un poisson con, il se montre; et, est braconné facilement …seule explication car les rivière à forte couverture en algues en ont plus, alors que les algues consomme l’oxygène!!!
La truite fuit devant un prédateur, pas l’ombre qui reste impassible dans son courant!
Après les épizooties sont surement la cause de sa disparition par des introductions ou des alevinages de maintien de population…l’homme ne peut pas faire ça comme il faut car il ne peut contrôler la qualité d’un tel travail…

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bonjour
sur la Sorgue du Vaucluse on peut constater la même chose : des ombres qui semblent préférer les zones plus urbaines et pourtant la température n’est pas trop en cause , elle est relativement constante, en dessous de 15 ° en ce moment malgré la canicule. La fédé l’a mis en no kill total depuis deux ans je crois mais il faudra du recul pour voir l’efficacité. Par ailleurs c’est un poisson fragile de la gueule , j’espère que les décrochés ne le blesseront pas trop…

Et oui, malheureusement ce pauvre ombre commun n’a absolument rien pour lui :joy:

Si, il a une reproduction qui rend l’espèce prolifique lorsqu’elle marche.

Sur la Dordogne depuis l’arrêt des éclusées printanières, il a vu son aire de répartition multipliée par 4 ou 5 vers l’aval.

Cette année va être un bon test pour sa résistance aux hautes températures. L’eau est très basse et avec ces températures caniculaires, la température de l’eau va monter. Jusqu’où ? On devrait le savoir mardi. Je mets un petit billet sur 26 à 27 degrés sur l’aval.

Si derrière ça rabaisse ça devrait passer. Si la canicule se poursuit, on va vers l’inconnu.

Il y a 15 jours encore les bancs étaient fournis, à table et les poissons avaient un très bon enbompoint. Cela devrait leur permettre de résister à la diète de la diapause en cours.

Fred

Ce qui est impactant se n’est pas tellement les pics de températures ponctuels, le problème c’est la durée d’exposition a des températures où les poissons passent en mode survie. C’est pour ça que ces tests physiologiques où on met un ombre ou une truite dans un cuve et où mesure a quelle température il se met sur le dos ont un intérêt écologique sur le terrain proche de 0 (je schématise). Le problème c’est donc la durée, pas les pics…
Mais on ne va pas s’achopper la dessus, sur les zones a ombre historiques de l’est de la France, les rivières prennent +1°C tout les 15 a 20 ans en température moyenne, et le phénomène s’accentue. Il va donc falloir beaucoup de refuges thermiques…

A+
J

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Dans l’est et ailleurs, la notion de refuge thermique pour les poissons est bien intégrée. Ils ont des congélos.

Fred ==> tu sors !

Il y a deux ans, la situation avait été tendue tout l’été. En septembre sur le bas on avait perdu les cohortes d’ombres les plus âgés (40 + et 50+). Et les survivants les plus petits était maigres comme des clous.

Mais ils ne leur a pas fallu longtemps pour se refaire la cerise.

Fred

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Bonsoir,

Michel Duborgel, grand coureur de rivières, écrivait dans les années 1960 : “La localisation est si précise que la zone où vivent les ombres s’arrête aussi nettement que s’il y avait une grille, alors que la nature du fond, le courant, la température et la profondeur de l’eau sont les mêmes”.

à +

P.S : c’est à son bouquin, “La Pêche et les poissons de rivière” que je dois la naissance de la passion de la pêche.

Bonsoir
Je pense que la saison 2018 pour l’ombre va être très difficile sur nos rivières de l’est de l’est.
Même constat que toi Bal57 concernant la Moselotte, des secteurs aussi excellents voir meilleurs que l’an dernier et d’autres secteurs bien vides de poissons. De plus étiage record sur cette rivière, jamais vue aussi basse (6 centimètres ce jour à la station de Vagney).
Concernant la Moselle aval d’Epinal pour le moment moins de poissons également mais les grosses crues de cet hivers ont fait rouler des masses de galets et beaucoup d’endroits ont fondamentalement changé de profil, des îles ont disparue d’autres se sont crées, des profonds se sont comblés de galets, de belles veines d’eau ont disparue… Les ombres sont encore là, ils ont bougé va juste falloir les retrouver.
Concernant la Sûre intérieure et frontalière que je pêche depuis le premier mai je ne dirais qu’une chose pour ma part, concernant les ombres c’est juste catastrophique, sur certains postes avant prolifique cette année je me demande même s’il en reste encore 1???

Pour ce qui est de la seine et aube, je constate surtout une réduction de la taille des prises. Les ombres maillés sont de moins en moins courant.

Oui les crues ont fait du mal, surtout par leur décalage dans le temps. ça a tout décapé au moment mauvais moment notamment au début de la croissance des grandes algues. Je constate aussi une baisse de présence des insectes sur les stations habituelles.

Il y a bien d’autres possibilités de causes mais c’es celle qui viennent à l’esprit.

Les ombres ont donc migré mais où ?

@+

Tout à fait exact, C’est pour ça que Henri Persat et Northcote ont posé leurs estimations de températures létales sur des observations et études in situ, pas expérimentales :wink:

Les évaluations ne sont évidemment que des moyennes, sur certaines rivières les poissons mourront avant, ou à des températures plus élevées. Ces estimations étaient juste pour montrer que les ombres sont bien plus fragiles que les truites physiologiquement, dont à la température. :wink:

Enfin, le nombre de rivière ou l’ombre a disparu et où les truites subsistent sont légion… Le cas contraire par contre, je suis curieux de connaître un seul cas…

Bonjour.

J’entends dire par quelques pêcheurs que sur la Moselle, les populations ombres régressent depuis des années. Pourtant sur celle-ci les ombres sont en NK depuis presque 15 ans.

Pour la Marne, le secteur que j’ai découvert et pêcher avec émerveillement, il y a 6 ans et devenu ennuyeux. Par contre il y a des ombrets, donc la reproduction s’effectue.
Néanmoins, nous constatons la disparition importantes des herbiers.

Espérons que cette hausse des températures ne soient pas au final que le coup de grâce !

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Difficile à dire comme ça, mais il est aussi possible si tu constates une raréfaction de la nourriture, que leur croissance est sévèrement impactée. Les poissons qui dépassent la maille deviendront très rare, et n’auront pas forcément migrer ailleurs…

Sur des rivières en déséquilibre où la population est menacée, on observe souvent des classes d’âge complètement disparues… Là où ça deviendrait inquiétant, c’est si ce sont toutes les classes adultes qui en pâtissent… Ce qui voudrait dire que la reproduction n’est plus vraiment assurée…

Globalement, le monde de l’ichtyologie est très pessimiste pour l’ombre commun… À part quelques populations très ponctuelles, et de plus en plus isolées, je doute qu’il ne survive aux 20 prochaines années… Et parfois on peut se demander si une translocation vers un habitat plus favorable mais naturellement non accessible, n’est pas la solution pour conserver l’ombre…

Globalement, le monde de l’ichtyologie est très pessimiste pour l’ombre commun… À part quelques populations très ponctuelles, et de plus en plus isolées, je doute qu’il ne survive aux 20 prochaines années…

Surtout si les FDPPMA ne mettent pas des réglementations sérieuses est adaptées

Je crois que quelque soit la réglementation le résultat final sera le même car il dépend de facteurs non contrôlables. Par contre une réglementation protectrice ( en NK ou pêche interdite) devrait permettre de ne pas accélérer le phénomène de disparition.

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